Dans ce volume ont été réunis des articles, des messages, des lettres et des conversations de la Mère avec des étudiants et des professeurs de l’école de l’Ashram, et trois pièces de théâtre.
Dans ce volume ont été réunis des articles, des messages, des lettres et des conversations de la Mère avec des étudiants et des professeurs de l’école de l’Ashram, et trois pièces de théâtre : Vers l’Avenir, Le Grand Secret et L’Ascension vers la Vérité.
A. — Pour ce soir je voudrais te lire une lettre de X, qui fait suite à ce que tu as dit l’autre jour à propos de sa question : « ... Nous avons remarqué qu’il y a chez certains un mouvement vital très fort dès que le geste physique est accompli. Pour d’autres, c’est un simple jeu. Il y en a même un qui marche le long de la véranda en annonçant qu’il sera un soldat dans l’armée de Douce Mère. Est ce que tu as une indication précise à nous donner sur ces cas différents? »
Marche quoi?
A. — Il marche sur la véranda.
Pas sur le bord?
A. — Non, non. Et alors il fait des demi-tours, il fait des garde-à-vous en disant : « Je serai un soldat dans l’armée de Douce Mère. »
C’est très bien ça.
A. — Je continue, Mère?
Oui, oui.
A. — « Pour la violence morale, je ne comprends pas très bien quels peuvent être les éléments dans la nature qui montrent sa possibilité. Est ce que c’est, par exemple, la tendance, chez un enfant, de bouder, de se révolter contre ce qui empêche la fantaisie, ou autre chose? Qu’est ce qu’il faut faire pour changer cela dans la bonne direction afin que cela puisse finalement se transformer? »
Je crois qu’il ne faut pas donner d’importance à ces petits mouvements des enfants, ça les encourage plutôt. Il faut ne pas s’en apercevoir, ne pas avoir l’air d’y attacher d’importance. C’est beaucoup mieux, pour les supprimer, que de leur donner de l’importance. Il ne faut pas... Tous les petits mouvements « d’importance », il faut ne pas y faire attention. Ne pas avoir l’air de même s’en apercevoir, n’est-ce pas, ça leur enlève tout appui moral. Un enfant boude, on ne s’en aperçoit pas. Cela enlève à sa bouderie tout effet. Tu comprends?
A. — Oui, Mère.
Ces petits mouvements des enfants, il ne faut pas leur donner d’importance... surtout pas d’importance.
A. — Parce que s’ils s’aperçoivent qu’on leur donne de l’importance, ils sont tentés de recommencer.
Et naturellement!
N’est-ce pas, les enfants, ils veulent instinctivement attirer l’attention sur eux. C’est comme celui qui fait le soldat sur la terrasse... et des choses comme ça. Il ne faut pas donner d’importance, il faut les laisser. Ne pas les gronder, surtout ne pas les gronder... et ne pas faire attention.
Les enfants, n’est-ce pas, sont des créatures faibles, et alors ils croient que c’est en se mettant de travers qu’ils attirent l’attention sur eux. Il faut qu’ils voient que ça ne réussit pas.
A. — Et il ne faut pas les gronder, n’est ce pas?
Oh! surtout pas! Surtout pas gronder, surtout pas gronder! Le professeur devient aussi vilain que l’élève. Quand il gronde, il donne, il donne l’impression que... he loses his temper 47. C’est-àdire qu’il est sur le même plan que l’élève. Il faut savoir garder le sourire... toujours.
A. — C’est très important.
Très, très, très important.
(B. lit à Mère un paragraphe de La Manifestation Supramentale sur la Terre de Sri Aurobindo :)
« Par essence, le supramental est une conscience-devérité, une conscience à jamais libre de l’Ignorance qui forme la base de notre existence naturelle ou évolutive présente à partir de laquelle la nature en nous s’efforce de parvenir à la connaissance de soi et à la connaissance du monde, à la conscience vraie et à l’utilisation vraie de notre existence en cet univers. Parce que le Supramental est une conscience-de-vérité, cette connaissance est innée en lui et ce pouvoir d’existence vraie est spontanée : sa marche est droite, il peut aller directement à son but, son champ est large et peut même devenir illimité. Car sa nature même est la connaissance; il n’a pas besoin d’acquérir la connaissance : il la possède de plein droit; ses pas ne vont pas de la nescience et de l’ignorance à quelque lumière imparfaite, mais de la vérité à une vérité plus grande, de la perception exacte à une perception plus profonde, d’intuition en intuition, de l’illumination à une clarté totale et sans limite, d’une largeur grandissante à l’immensité absolue et à l’infinitude même. À son sommet, il possède l’omniscience et l’omnipotence divines, mais même dans le mouvement évolutif de sa manifestation graduée qui finalement révélera ses hauteurs suprêmes, il est nécessairement, naturellement et essentiellement exempt de l’ignorance et de l’erreur — son point de départ est la vérité et la lumière; toujours il se meut dans la vérité et dans la lumière. Et de même que sa connaissance est toujours vraie, sa volonté est également toujours vraie — il ne tâtonne pas quand il manie les choses, il ne trébuche pas dans sa marche. Dans le Supramental, les sentiments et les émotions ne se départent point de leur vérité, ne font pas de faux pas ni d’erreur, ne dévient pas du juste et du réel, ne peuvent pas mal user de la beauté et de la félicité ni embrouiller la rectitude divine. Dans le Supramental, les sens ne peuvent pas s’égarer, ni tomber dans les grossièretés qui font ici leur imperfection naturelle et sont la cause de toutes les réprobations, les méfiances et les abus de notre ignorance. Même quand le Supramental énonce incomplètement les choses, c’est encore une vérité qui conduit à une prochaine vérité, même son action incomplète est un stade de l’accomplissement. Dans toute sa vie, dans tous ses actes, ses décisions, le Supramental est naturellement protégé du mensonge et des incertitudes qui sont notre lot — il marche en toute sûreté à sa perfection. Quand la conscience-de-vérité aura, ici-bas, établi ses fondations solides, l’évolution de la vie divine sera comme un progrès dans la félicité, une marche qui va de la lumière à l’Ânanda. » 48 .
C’est très, très, très important. Très important.
All the people who pretend to manifest the Supramental will be quieted down 49.
(silence)
B. — C’est tout pour ce soir, Douce Mère.
C’est bien, ça. Où est-ce que ça va paraître?
B. — Dans un livre que je prépare pour les jeunes.
Ah! C’est si bien... et si important.
Il y a à Auroville des gens qui croient qu’ils sont déjà en train de manifester le Supramental. Et quand on leur dit que non, ils ne vous croient pas. Il faudrait leur faire lire cela. Ça, ça devrait être lu de tout le monde.
A. — Mère, récemment, ils m’ont demandé si je voulais bien venir leur parler de Sri Aurobindo. Je vais profiter de cela pour leur lire ce passage.
Oh! très bien, très bien, très bien. Il faut le lire lentement, qu’ils aient le temps de bien entendre.
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