CWM (Fre) Set of 18 volumes
Éducation Vol. 12 of CWM (Fre) 502 pages 2008 Edition
French

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Dans ce volume ont été réunis des articles, des messages, des lettres et des conversations de la Mère avec des étudiants et des professeurs de l’école de l’Ashram, et trois pièces de théâtre.

Éducation

The Mother symbol
The Mother

Dans ce volume ont été réunis des articles, des messages, des lettres et des conversations de la Mère avec des étudiants et des professeurs de l’école de l’Ashram, et trois pièces de théâtre : Vers l’Avenir, Le Grand Secret et L’Ascension vers la Vérité.

Collection des œuvres de La Mère Éducation Vol. 12 502 pages 2008 Edition
French
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Le Grand Secret : narration by The Mother

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Deuxième partie

Messages, Lettres et Conversations




Réponses à une monitrice




Correspondance

Douce Mère,

Pourquoi ne donne-t-on pas de diplômes et de certificats aux élèves du Centre d’Éducation?

Depuis un siècle environ, le monde humain souffre d’une maladie qui semble se répandre de plus en plus et qui, de nos jours, a atteint sa période la plus aiguë; c’est ce que nous pouvons appeler l’utilitarisme. Les choses et les gens, les circonstances et les actions semblent n’être considérés et appréciés que sous cet angle exclusif. Rien n’a de valeur que ce qui est utile. Certes, ce qui est utile est mieux que ce qui ne l’est pas. Mais il faudrait s’entendre d’abord sur ce que l’on qualifie d’utile; utile à qui? à quoi? pour quoi?

Or, de plus en plus, les races qui se considèrent civilisées qualifient d’utile ce qui peut amener, acquérir ou produire de l’argent. Tout est jugé et évalué sous un angle monétaire. C’est cela que j’appelle l’utilitarisme. Et cette maladie est fort contagieuse, car les enfants eux-mêmes n’y échappent pas.

À l’âge où l’on devrait avoir des rêves de beauté, de grandeur et de perfection, rêves trop sublimes peut-être selon le bon sens ordinaire, mais très supérieurs cependant à ce plat bon sens, maintenant les enfants rêvent d’argent et s’inquiètent de la manière d’en gagner.

Ainsi, quand ils pensent à leurs études, ils pensent surtout à ce qui pourra leur être utile pour que plus tard, quand ils seront grands, ils puissent gagner beaucoup d’argent.

Et ce qui devient pour eux le plus important, c’est de se préparer à passer les examens avec succès, car c’est avec des diplômes, des certificats et des titres qu’ils pourront trouver de bonnes places et gagner beaucoup d’argent.

Pour eux, les études n’ont pas d’autre but, pas d’autre intérêt.

Apprendre pour savoir, étudier pour connaître les secrets de la Nature et de la vie, s’éduquer pour faire croître sa conscience, se discipliner pour devenir maître de soi, pour surmonter ses faiblesses, ses incapacités et ses ignorances, se préparer à avancer dans la vie vers un but plus noble, plus vaste, plus généreux et plus vrai... ils n’y pensent guère et considèrent tout cela comme bien utopique. La seule chose importante est d’être pratique, de se préparer et d’apprendre à gagner de l’argent.

Les enfants atteints de cette maladie ne sont pas à leur place dans le Centre d’Éducation de l’Ashram. Et c’est pour bien le leur prouver que nous ne les préparons à aucun des examens et des concours officiels, et que nous ne leur donnons pas de diplômes et de titres dont ils puissent se servir dans le monde extérieur.

Nous voulons ici, seulement ceux qui aspirent à une vie plus haute et meilleure, ceux qui ont soif de connaissance et de perfection, ceux qui regardent ardemment vers un avenir plus totalement vrai.

Il y a assez de place dans le monde pour tous les autres.

17 juillet 1960


Douce Mère,

Dans la Section d’Éducation Physique, Tu as fait tous les arrangements nécessaires afin que par l’entraînement physique nous puissions développer notre corps de toutes les manières possibles et qu’ainsi nous devenions prêts à participer à la Grande Œuvre de transformation intégrale.

Nous enseignons les jeux, les sports, et toutes sortes d’activités physiques depuis plusieurs années, mais nous trouvons que la plupart de nos élèves ne peuvent pas saisir cet esprit fondamental. Ils sont généralement égarés par l’amusement, l’excitation, l’humeur impulsive et toutes sortes de préférences et d’aversions. En conséquence la discipline, la volonté, la résolution, le travail dur et l’attitude vraie qui rendent notre progrès certain, manquent généralement. Un match de football ou un jeu excitant éveille beaucoup d’enthousiasme, mais un travail consciencieux et concentré qui aidera à maîtriser certaines qualités physiques et à rectifier certains défauts est toujours fait d’une manière peu empressée. Une grande majorité des élèves, grands et petits, souffrent de cette maladie. Il y en a très peu qui pratiquent l’éducation physique avec l’esprit vrai. Comment apprendre à faire de cela notre pratique générale?

C’est le contenu de la conscience qui doit changer, le niveau de la conscience qui doit s’élever, la qualité de la conscience qui doit progresser.

Les choses sont telles que tu les décris, parce que la plupart des enfants ont leur conscience centrée dans le physique qui est tamasique et peu enclin à l’effort. Ils veulent une vie facile, et c’est seulement l’excitation ou l’émulation d’un jeu ou d’une compétition qui éveille en eux assez d’intérêt pour qu’ils consentent à faire un effort. Il faut pour cela qu’une passion vitale s’éveille et intensifie la volonté.

L’idée de progrès appartient à la volonté intelligente qui est active seulement chez ceux, un nombre minime, qui sont en contact avec leur être psychique; plus tard, chez ceux qui sont plus développés mentalement et commencent à comprendre la nécessité de se développer et de se surmonter soi-même.

J’ai dit que le remède est d’élever la conscience à un niveau supérieur. Mais, naturellement, il faut commencer par le niveau de conscience des capitaines et des instructeurs eux-mêmes.

Ils doivent, tout d’abord, avoir une conception claire de ce qu’ils veulent obtenir de ceux dont ils ont la responsabilité; et non seulement cela, mais ils doivent avoir réalisé Réponses à une monitrice en eux-mêmes les qualités qu’ils exigent des autres. En plus même de ces qualités, ils doivent avoir développé dans leur caractère et leur action, beaucoup de patience, d’endurance, de bienveillance, de compréhension et d’impartialité. Ils ne doivent pas avoir de préférences ni d’antipathies, pas d’attractions ni de dégoûts.

C’est pourquoi le nouveau groupe de capitaines doit vraiment être un groupe d’élite pour donner le bon exemple aux élèves et aux étudiants, si nous voulons qu’à leur tour ils adoptent l’attitude vraie.

À tous je dis donc : mettez-vous au travail sincèrement et les obstacles seront, tôt ou tard, surmontés.

5 juillet 1961


Douce Mère,

Il y a certaines activités dans notre programme d’éducation physique qui sont d’une nature plus sérieuse que d’autres et qui demandent plus de concentration ; celleslà tendent à devenir ennuyeuses pour les enfants. Les capitaines doivent-ils organiser leur groupe de façon que tout ce qu’ils enseignent soit intéressant et amusant, ou est-ce que les enfants doivent essayer de créer l’intérêt en eux-mêmes?

Les deux sont indispensables et doivent, autant que possible, être toujours présents.

Avec un peu d’imagination et de souplesse inventive, les instructeurs doivent donner de l’attrait et de l’imprévu à ce qu’ils enseignent.

De leur côté, les enfants, en cultivant en eux-mêmes la volonté de progrès et le goût du progrès, doivent créer un intérêt constant pour ce qu’ils font.

En attendant que cela soit fait, les capitaines peuvent confier aux enfants, partiellement, le soin d’organiser leurs propres exercices, en utilisant autant que possible les idées qui leur viennent si elles sont ingénieuses.

Si le sens de collaboration et de responsabilité est éveillé chez les enfants, du même coup ils s’intéresseront à ce qu’ils font et le feront avec plaisir.

21 juillet 1961


Douce Mère,

Nous avons une minute de concentration avant et après le groupe chaque jour. Que doit-on essayer de faire pendant cette concentration?

Avant, faire l’offrande au Divin de ce que l’on va faire pour que cela soit fait dans un esprit de consécration.

Après, demander au Divin d’augmenter en nous la volonté de progrès, pour devenir des instruments de plus en plus aptes à Le servir.

On peut aussi, avant de commencer, se donner au Divin en silence.

Et, à la fin, remercier le Divin en silence.

Je veux dire un geste du cœur sans paroles dans la tête.

24 juillet 1961


Dans la vie humaine, la cause de toutes les difficultés, tous les désaccords, toutes les souffrances morales, est la présence en chacun de l’ego avec ses désirs, ses préférences et ses répulsions. Même dans un travail désintéressé qui consiste à aider les autres, lorsqu’on n’a pas pris l’habitude de surmonter son ego et ses réclamations et qu’on ne le tient pas par force silencieux et tranquille dans un coin, cet ego réagit à l’égard de tout ce qui ne lui plaît pas, produit un orage intérieur qui surgit à la surface et vient tout gâter dans le travail.

Ce travail de surmonter son ego est long, lent et difficile, il demande une attention constante et un effort soutenu.

Pour certains cet effort est plus facile, pour d’autres il est plus difficile.

Nous sommes ici à l’Ashram pour faire ce travail en commun avec l’aide de la connaissance et de la force de Sri Aurobindo, dans un essai de réaliser une communauté plus harmonieuse, plus unie et par conséquent beaucoup plus efficace dans la vie. Tant que j’étais présente physiquement avec vous tous, ma présence vous aidait à réaliser cette maîtrise de l’ego et c’est pourquoi il n’était pas nécessaire que je vous en parle très souvent individuellement.

Mais maintenant, il est nécessaire que cet effort soit à la base de l’existence de chacun; plus particulièrement chez ceux qui ont un travail responsable et qui doivent s’occuper des autres. Les chefs doivent toujours montrer l’exemple, les chefs doivent toujours pratiquer les vertus qu’ils demandent à ceux dont ils s’occupent; ils doivent être compréhensifs, patients, endurants, pleins de sympathie et de bonne volonté chaleureuse et amicale, non pas par égoïsme pour se faire des amis, mais par générosité pour pouvoir comprendre et aider les autres.

L’oubli de soi, de ses goûts et de ses préférences est indispensable pour être un chef véritable.

Et c’est cela que je te demande maintenant pour que tu puisses faire face à tes responsabilités comme tu dois le faire. Et alors tu t’apercevras que là où tu sentais le désordre et la désunion, ils auront disparu, et l’harmonie, la paix et la joie seront à leur place.

Tu sais que je t’aime et que je suis toujours avec toi pour te soutenir, t’aider et te montrer le chemin.

Bénédictions.

26 août 1969


Douce Mère,

Certains enfants me demandent la meilleure façon de passer leurs vacances ici.

C’est une excellente occasion de faire un travail intéressant, d’apprendre quelque chose de nouveau, ou de développer quelque point faible de leur nature ou dans leurs études.

C’est une excellente occasion de choisir librement une occupation et de découvrir ainsi quelles sont les vraies capacités de leur être.

Bénédictions.

1er novembre 1969


Douce Mère,

Approuves-tu que les élèves aillent passer leurs vacances chez leurs parents ou ailleurs?

On pourrait plutôt dire que ce que les enfants font pendant leurs vacances donne une preuve de ce qu’ils sont et de la mesure où ils sont aptes à profiter de leur séjour ici. Ainsi, pour chacun c’est différent et la qualité de sa réaction indique la qualité de son caractère.

À vrai dire, ceux qui aiment mieux rester ici que faire quoi que ce soit d’autre, sont ceux qui sont aptes à bénéficier entièrement de leur éducation ici, et sont capables de comprendre pleinement l’idéal qu’on leur enseigne.

Bénédictions.

2 novembre 1969


Douce Mère,

Est-ce à dire que ceux qui s’en vont, sont incapables de comprendre pleinement l’idéal qu’on leur enseigne, ou est-ce notre incapacité de leur faire comprendre l’idéal?

Je ne dis pas que l’enseignement ici est parfait et justement ce qu’il doit être. Mais il est certain que nombre des élèves sont très intéressés et comprennent fort bien qu’il y a ici quelque chose que l’on ne trouve pas ailleurs.

C’est donc ceux-là qui devraient rester ici, et comme nous manquons de place pour accommoder toutes les demandes, le choix serait plus facile.

Bénédictions.

3 novembre 1969


Douce Mère,

Est-il possible d’enseigner l’idéal à ceux qui ne le comprennent pas, et comment peut-on le leur enseigner? Est-ce que nous, les instructeurs et les professeurs, sommes dignes de ce travail formidable?

Ce que nous voulons enseigner n’est pas seulement un idéal mental, c’est une conception nouvelle de la vie et une réalisation de la conscience. Pour tous cette réalisation est nouvelle, et pour enseigner aux autres, la seule vraie manière est de vivre soi-même selon cette nouvelle conscience et de se laisser transformer par elle. Il n’est pas de meilleure leçon que celle de l’exemple. Dire aux autres : « Ne soyez pas égoïstes », ne sert pas à grand-chose, mais si quelqu’un est libre de tout égoïsme, il devient un merveilleux exemple pour les autres; et celui qui aspire sincèrement à agir selon la Vérité Suprême crée une sorte de contagion pour ceux qui l’entourent. Ainsi, tous ceux qui sont professeurs ou instructeurs ont pour premier devoir de donner l’exemple des qualités qu’ils enseignent aux autres.

Et si, parmi ces professeurs et ces instructeurs, il y en a qui ne sont pas dignes de leur poste, parce que, par leur caractère, ils donnent un mauvais exemple, leur premier devoir est de devenir dignes en changeant leur caractère et leur action; il n’y a pas d’autre moyen.

Bénédictions.

4 novembre 1969


Douce Mère,

Quelles sont les qualifications que Tu considères comme essentielles pour un instructeur ou un professeur à l’Ashram? Ne vaut-il pas mieux s’abstenir de ce travail si l’on sent que l’on n’est pas digne de le faire bien, car alors ce sont les enfants qui souffrent à cause de nous, n’est-ce pas?

Quelles que soient les imperfections des professeurs ou des instructeurs ici, ils seront toujours meilleurs que ceux du dehors. Car tous ceux qui travaillent ici le font sans rémunération et pour le service d’une cause supérieure. Il est bien entendu que chacun, quels que soient son mérite et ses capacités, peut et doit toujours progresser pour réaliser un idéal qui est encore très supérieur à la réalisation actuelle de l’humanité.

Mais si l’on est vraiment anxieux de faire le mieux possible, c’est en faisant le travail qu’on progresse et apprend à le faire de mieux en mieux.

La critique est rarement utile, elle décourage plus qu’elle n’aide. Et toute bonne volonté mérite d’être encouragée, car avec de la patience et de l’endurance il n’est pas de progrès qui ne puisse être accompli.

Le tout est de garder la certitude que quelle que soit la chose accomplie, on peut toujours mieux faire si on en a la volonté.

L’idéal à accomplir est une égalité d’âme et de conduite, sans défaillance, une patience à toute épreuve et, bien entendu, l’absence de préférence et de désir.

Il va sans dire que pour celui qui enseigne, la condition essentielle au bon accomplissement de sa tâche est l’absence de tout égoïsme; et il n’est pas d’être humain qui échappe à la nécessité de cet effort.

Mais, je le répète, cet effort est plus facile à faire ici que n’importe où ailleurs.

Bénédictions.

5 novembre 1969


Douce Mère,

Ceux qui sont très attirés par les plaisirs de la vie ordinaire, comme les cinémas, les hôtels, la vie sociale, etc., doivent-ils venir étudier dans notre école? Car, en général, on a l’impression que c’est pour cela que la plupart de nos élèves vont passer leurs vacances à l’extérieur, et quand ils reviennent, il leur faut chaque fois assez longtemps pour se réadapter ici.

Ceux qui sont fortement attachés à la vie ordinaire et à son agitation, ne devraient pas venir ici, car ils y sont dépaysés et ils y créent du désordre.

Mais il est difficile de savoir cela avant qu’ils ne viennent, car la plupart sont très jeunes, et leur caractère n’est pas encore bien formé.

Mais dès qu’ils sont pris par la frénésie du monde, il vaudrait mieux, pour eux-mêmes et pour les autres, qu’ils retournent chez leurs parents et leurs habitudes.

Bénédictions.

14 novembre 1969


Douce Mère,

Il y a plusieurs enfants ici qui sont envoyés par leurs parents uniquement pour leur éducation. Cette idée qu’ils sont seulement des étudiants et qu’ils vont partir d’ici après leurs études, est déjà bien établie dans leur conscience.

Une fois que l’on sait que ces enfants ont une claire idée de ce qu’ils veulent faire, ne vaut-il pas mieux leur conseiller officiellement d’aller ailleurs faire leurs études? Ou, puisqu’on les a déjà acceptés, doit-on les laisser continuer et finir leurs études ici?

Malheureusement, il y a beaucoup de parents qui envoient leurs enfants ici non pas parce qu’ils pensent qu’ils auront ici une éducation spéciale, mais parce que l’Ashram ne demande pas d’argent pour les études; et par conséquent les parents ont à dépenser beaucoup moins d’argent ici qu’ailleurs.

Mais les pauvres enfants ne sont pas responsables de ce marchandage, et nous devons leur donner une chance de se développer pleinement s’ils en sont capables. Par conséquent, nous les acceptons si nous voyons en eux une possibilité. Et c’est seulement quand ils donnent une preuve évidente qu’ils ne sont pas capables de profiter de leur éducation ici, que nous sommes prêts à les laisser partir s’ils le veulent.

Bénédictions.

15 novembre 1969


Douce Mère,

Pour les élèves qui savent qu’ils vont partir d’ici après leurs études, n’est-il pas nécessaire qu’ils aillent dehors de temps en temps afin de pouvoir s’adapter à la vie ordinaire après?

Il n’y a aucune difficulté à s’adapter à la vie ordinaire, c’est l’esclavage auquel on est soumis dès la naissance, car tous le portent en eux-mêmes par atavisme, et même pour ceux qui sont nés pour être libérés, il faut qu’ils luttent sérieusement et continuellement pour se débarrasser de cet atavisme afin d’être vraiment libérés.

Bénédictions.

16 novembre 1969


Douce Mère,

Qu’attends-tu des élèves qui vont partir après leurs études ici? Sûrement, il doit y avoir une grande différence entre eux et les gens ordinaires. Quelle doit être la différence?

Souvent, beaucoup d’entre eux, dès qu’ils se trouvent dans la vie ordinaire, réalisent la différence et regrettent ce qu’ils ont perdu. Peu d’entre eux ont le courage de renoncer aux facilités qu’ils trouvent dans leur milieu ordinaire, mais même les autres ne font plus face à la vie avec la même inconscience que ceux qui n’ont jamais été en contact avec ici.

Le travail que nous faisons n’est pas fait dans l’attente de quelque chose en retour, mais simplement pour aider au progrès de l’humanité.

Bénédictions.

18 novembre 1969


Douce Mère,

Jusqu’à quel point considères-tu qu’il est du devoir d’un professeur ou d’un instructeur d’imposer la discipline aux élèves?

Empêcher les élèves d’être irréguliers, grossiers ou négligents, est de toute évidence indispensable; les méchancetés malveillantes et nuisibles ne peuvent être tolérées.

Mais en règle générale et d’une façon absolue, les professeurs et spécialement les instructeurs à l’éducation physique doivent être un exemple vivant et constant des qualités exigées des élèves; discipline, régularité, bonnes manières, courage, endurance, patience dans l’effort s’enseignent bien plus par l’exemple que par des mots. Et d’une façon absolue : ne jamais faire devant un enfant ce qu’on lui défend de faire.

Pour le reste, chaque cas implique sa solution propre, et il faut agir avec tact et discernement.

C’est pourquoi être un professeur ou un instructeur est, de toutes les disciplines la meilleure si l’on sait lui obéir.

Bénédictions.

20 novembre 1969


Un enfant doit cesser d’être méchant parce qu’il apprend à avoir honte d’être méchant; non pas par peur d’une punition 25 .

Dans le premier cas, il fait un vrai progrès.

Dans le second, il descend d’un échelon de plus dans la conscience humaine, car la peur est une dégradation de la conscience.

20 novembre 1969


Douce Mère,

Les responsabilités d’un professeur ou d’un instructeur s’arrêtent-elles après ses heures de travail à l’école ou au terrain de jeux ?

Je demande cela parce que nos enfants, en général, se conduisent très mal dans les rues. Ils marchent où ils veulent, ils bavardent au milieu de la rue; et le problème le plus difficile, c’est à bicyclette, quand ils vont sans lumière et sans freins, ou qu’ils roulent à deux sur une bicyclette. Personne ne se soucie de tout cela parce que, pour tout le monde, c’est en dehors des heures de travail.

Et puisque l’on ne fait rien pour mettre fin à cela, l’indifférence pour la loi est tellement répandue que l’on voit même des gens responsables qui ne prennent aucune connaissance de ces lois.

Le meilleur remède à ce fâcheux état de choses, serait, quand tous les enfants sont rassemblés (probablement sur le terrain de jeux), de leur faire un petit cours sur la manière de se conduire dans la rue, ce que l’on peut faire et ce que l’on ne doit pas faire.

Quelqu’un qui saurait leur parler et dire cela d’une façon intéressante, et même si possible amusante, pourrait, sans doute, obtenir un résultat.

Bénédictions.

21 novembre 1969


Douce Mère,

Cela veut-il dire qu’une fois que l’on a bien expliqué aux élèves la manière de se conduire dans la rue, nous n’avons plus aucune responsabilité de ce qu’ils font en dehors de nos heures de travail?

Il est difficile d’intervenir dans un incident dont on n’a pas été témoin. Les racontars sont toujours d’une qualité douteuse.

Mais si l’un des instructeurs assiste en personne à la mauvaise conduite d’un de ses élèves, son intervention devient opportune, à condition, bien entendu, que la relation avec l’élève soit bienveillante et affectueuse.

Bénédictions.

22 novembre 1969


Douce Mère,

Ne crois-tu pas que dans notre programme d’éducation, on devrait enseigner aux enfants à faire quelque travail désintéressé pour l’Ashram, au moins une fois par semaine?

C’est toujours bien de faire un travail désintéressé. Mais cela devient bien meilleur si ce travail devient un amusement et non une tâche ennuyeuse.

Bénédictions.

26 novembre 1969


Douce Mère,

Chaque année, nous donnons un prix spécial aux meilleurs élèves des groupes A1 et A2. Cette année, il y a un garçon qui a très bien travaillé toute l’année, mais maintenant il est parti chez ses parents pour les vacances et il n’a pas pris part à la démonstration du 2 décembre. Crois-tu que l’on doive encore lui donner le prix pour cette année?

Tout dépend de comment il est parti : si c’est pour obéir à ses parents, ou si lui-même le désirait. S’il a désiré partir, quel que soit son mérite extérieur, il est peut-être préférable de ne pas lui donner de prix, parce que cela voudrait dire que nous n’attachons aucune importance à l’attitude intérieure et à la compréhension par l’élève du but que nous poursuivons : c’est-à-dire de préparer les hommes de demain à la création nouvelle.

Bénédictions.

9 décembre 1969


Douce Mère,

Est-il désirable de donner des prix ou de récompenser les enfants pour les faire travailler ou pour créer un intérêt quelconque?

Il est évident que pour les enfants, il est préférable qu’ils étudient pour développer leur conscience et apprendre quelque chose de tout ce qu’ils ne savent pas; mais donner des prix à ceux qui se sont montrés particulièrement studieux, disciplinés et attentifs, n’est pas mauvais.

Bénédictions.

17 décembre 1969


Douce Mère,

Ne crois-tu pas que pour devenir un professeur ou un instructeur chez nous, spécialement pour les petits, il est nécessaire d’avoir vécu une certaine période à l’Ashram?

C’est une certaine attitude de la conscience qui est nécessaire, et malheureusement, de vivre, même plusieurs années à l’Ashram, ne donne pas toujours cette attitude correcte.

À dire vrai, il faudrait prendre les professeurs à l’essai pour voir s’ils peuvent acquérir cette attitude correcte et s’adapter aux besoins de leur tâche.

Bénédictions.

18 décembre 1969


Douce Mère,

Que veux-tu dire par « une certaine attitude de la conscience » ?

L’attitude de conscience qui est requise, est une certitude intérieure que, en comparaison de tout ce qu’il faut savoir, on ne sait rien; et qu’à chaque moment il faut être prêt à apprendre afin de pouvoir enseigner. Ceci est le premier point indispensable.

Il y en a un second.

C’est que la vie extérieure telle que nous la connaissons, est une apparence plus ou moins mensongère; et que nous devons constamment garder vivante l’aspiration à la Vérité.

Bénédictions.

19 décembre 1969


Douce Mère,

Quel est le rôle des parents et des gardiens chez nous?

Comment doivent-ils aider à la meilleure éducation de leurs pupilles?

Ici, le premier devoir des parents ou des gardiens est de ne pas contredire, par la parole ou l’exemple, l’éducation donnée à leurs enfants.

Positivement, le mieux qu’ils puissent faire est d’encourager les enfants à être dociles et disciplinés.

Bénédictions.

24 décembre 1969


Douce Mère,

Quelle est Ton opinion sur la mode, les habits et les ornements?

Qu’est-ce que Tu considères de bon goût dans notre vie de l’Ashram?

Dieu merci, je n’ai pas d’opinions.

Le bon goût pour moi c’est d’être simple et sincère. Bénédictions.

4 janvier 1970


Douce Mère,

Comment apprendre aux enfants à organiser la liberté que Tu nous donnes ici?

Les enfants ont tout à apprendre. Il faut que ce soit leur préoccupation principale pour se préparer à une vie utile et productive.

En même temps, à mesure qu’ils grandissent, ils doivent découvrir en eux-mêmes quelle est la ou les choses qui les intéressent le plus et qu’ils sont capables de bien faire. Il y a les facultés latentes qu’il faut développer. Il y a aussi celles que l’on peut découvrir.

Il faut apprendre aux enfants à aimer à surmonter les difficultés, que cela donne une valeur spéciale à la vie; et lorsque Réponses à une monitrice l’on sait le faire, cela détruit à jamais l’ennui, et donne un intérêt tout nouveau à la vie.

Nous sommes sur terre pour progresser et nous avons tout à apprendre.

14 janvier 1972


Douce Mère,

Hier Tu as écrit : « Il y a les facultés latentes qu’il faut développer. Il y a aussi celles que l’on peut découvrir. »

Quel est le rôle du professeur ou de l’instructeur dans la découverte de ces facultés?

Le professeur ne doit pas être un livre qui se lit à haute voix, le même pour tous, sans distinction de nature et de caractère. Le premier devoir du professeur est d’aider l’élève à se connaître lui-même et à découvrir de quoi il est capable.

Pour cela il faut observer ses jeux, vers quelle activité il va naturellement et spontanément et aussi ce qu’il aime à apprendre, si son intelligence est éveillée, quelles sont les histoires qui lui plaisent, quelles sont les activités qui l’intéressent, quelles sont les réalisations humaines qui l’attirent.

Il faut que le professeur découvre à quelle catégorie appartient chacun des enfants dont il a la charge. Et si après une observation attentive, il découvre deux ou trois enfants exceptionnels qui ont soif d’apprendre et qui aiment le progrès, il devra les aider à utiliser leurs énergies dans ce but en leur donnant la liberté de choix qui favorise le développement individuel.

La vieille méthode de la classe assise à qui le professeur fait la leçon, la même pour tous, est certainement économique et facile, mais aussi très inefficace, et ainsi le temps est perdu pour tout le monde.

15 janvier 1972


Douce Mère,

Tu as écrit : « Si après une observation attentive, il [le professeur] découvre deux ou trois enfants exceptionnels qui ont soif d’apprendre et qui aiment le progrès, il devra les aider à utiliser leurs énergies dans ce but en leur donnant la liberté de choix qui favorise le développement individuel. »

Est-ce que Tu veux dire que la liberté de choix doit être donnée seulement aux enfants exceptionnels? Et les autres?

J’ai dit de donner la liberté de choix aux enfants exceptionnels parce que pour eux c’est tout à fait indispensable si on veut vraiment les aider à se développer pleinement.

Naturellement on peut donner cette liberté de choix à tous les enfants, et en somme c’est un bon moyen de trouver leur vraie nature; mais la plupart d’entre eux se montreront paresseux et peu intéressés par l’étude. Mais par contre ils peuvent être adroits de leurs mains et apprendront volontiers à faire des choses. Cela aussi doit être encouragé. Ainsi les enfants trouveront leur vraie place dans la société, et seront préparés à la remplir quand ils seront grands.

À tous il faut apprendre la joie de bien faire ce que l’on fait, que ce soit un travail intellectuel, artistique ou manuel et surtout la dignité de tout travail quel qu’il soit, s’il est fait avec soin et habileté.

16 janvier 1972


Douce Mère,

Pour les enfants exceptionnels, crois-Tu que l’on doive tourner leurs énergies vers leur talent spécial ou vaut-il mieux les diriger vers un développement total?

Cela dépend exclusivement de l’enfant et de ses capacités.

18 janvier 1972


Douce Mère,

Une fois je T’ai demandé si dans notre programme d’éducation, on ne devrait pas enseigner aux enfants à faire quelque travail désintéressé pour l’Ashram au moins une fois par semaine. Et Tu as répondu :

« Il est toujours bien de faire un travail désintéressé. Mais cela devient bien meilleur si ce travail devient un amusement et non une tâche ennuyeuse. »

Peux-Tu nous suggérer comment on pourrait l’introduire dans notre programme?

Si les enfants pouvaient voir quels sont les différents travaux qu’ils peuvent faire, le goût s’éveillerait en eux pour faire l’un ou l’autre et cela deviendrait aussi amusant qu’un jeu pour eux, s’ils sont vraiment intelligents.

18 janvier 1972


Douce Mère,

Quand Tu as dit que l’on doit observer les jeux des enfants 26, quel âge d’enfants avais-Tu en vue?

Cela dépend entièrement de l’enfant. Certains sont déjà éveillés à sept ans, certains prennent plus de temps.

Ce qui est important c’est de donner aux enfants l’occasion de voir et de juger par eux-mêmes.

Mère, de sept ans jusqu’à quel âge 27?

On pourrait dire à peu près dix-huit ans. Cela dépend des cas. Il y a des enfants qui sont pleinement développés à quatorze ou quinze ans. C’est différent pour chacun. Cela dépend des cas.

18 janvier 1972 .


Douce Mère,

Tu as écrit : « Il faut que le professeur découvre à quelle catégorie appartient chacun des enfants dont il a la charge. »

Comment distinguer les catégories d’enfants?

En les regardant vivre.

Pour pouvoir classer les enfants il faut connaître leur caractère en observant leurs habitudes et leurs réactions.

Le professeur ne doit pas être une machine à réciter des leçons, il doit être un psychologue et un observateur.

19 janvier 1972


Douce Mère,

Doit-on grouper ensemble les enfants de chaque catégorie?

Cela a des avantages et des inconvénients. Le groupement des élèves doit être fait selon les éléments dont on dispose et les facilités que l’on a. L’arrangement doit être souple de façon à pouvoir l’améliorer si c’est nécessaire.

Pour être un bon professeur il faut avoir la clairvoyance et la connaissance d’un Guru avec une patience à toute épreuve.

19 janvier 1972


Douce Mère,

Tu as dit : « Le premier devoir du professeur est d’aider l’élève à se connaître lui-même. »

Comment peut-on aider un élève à se connaître lui-même? Pour cela n’est-il pas nécessaire qu’on ait soi-même atteint un certain niveau de conscience supérieur?

Ah oui, certainement 28 !

L’attitude du professeur doit être une volonté constante de progrès non seulement pour savoir toujours mieux ce que l’on veut enseigner aux élèves, mais surtout pour être un exemple vivant pour leur montrer ce qu’ils peuvent devenir.

(Après une méditation de cinq minutes.)

Le professeur doit être le vivant exemple de ce qu’il demande aux élèves de devenir.

19 janvier 1972


Douce Mère,

Est-ce la seule manière d’enseigner aux élèves à se connaître eux-mêmes 29?

C’est la seule bonne manière. N’est-ce pas, un professeur qui leur dit : « Il ne faut pas mentir », et qui ment; « Il ne faut pas se mettre en colère », et qui se met en colère; quel serait le résultat? Les enfants non seulement perdront confiance dans le professeur, mais aussi dans ce qu’il enseigne.

19 janvier 1972


Mère, tous les jours je tape à la machine ce que Tu écris, et P. le prend à l’école pour le montrer aux autres professeurs, et ça leur fait très plaisir. Et maintenant il y a des professeurs qui me donnent des questions à Te poser 30.

(Riant) C’est bon! C’est très bon!

19 janvier 1972


Douce Mère,

Lorsqu’il y a un effort d’organisation en catégories basées sur la capacité, chez l’enfant, de prendre des initiatives, on voit qu’il y a un mélange de niveaux scolaires dans les différents sujets. Cela rend la tâche très difficile pour certains professeurs qui ont l’habitude de prendre les classes ordinaires de la vieille façon classique.

Nous sommes ici pour faire les choses difficiles. Si nous répétons ce que les autres font, ce n’est pas la peine; il y a déjà beaucoup d’écoles dans le monde.

On a essayé de guérir l’ignorance de la masse et pour cela on a adopté les méthodes les plus faciles. Mais maintenant ce stade est passé et l’humanité est prête pour apprendre mieux et plus complètement. À ceux qui sont en tête de ligne de montrer le chemin pour que les autres puissent suivre.

21 janvier 1972


Douce Mère,

Comment envisages-Tu l’organisation de notre éducation, pour permettre aux enfants de découvrir leurs capacités, et ensuite de poursuivre la voie de leur développement individuel?

C’est ce qu’on essaye de faire ici. Cela dépend du professeur. Je n’ai pas une théorie que l’on puisse mettre sur papier 31 .

C’est ce que l’on essaye de faire ici. Mais pour le bien faire cela dépend du professeur, de la peine qu’il se donne, et de ses facultés de compréhension psychologique. Il faut être capable de connaître la nature et les possibilités de l’élève, pour adapter son enseignement aux besoins de chacun.

22 janvier 1972 .


Douce Mère,

Doit-on classer les professeurs selon les sujets? Est-ce la meilleure façon?

La classification par sujet est importante quand on veut étudier un ou plusieurs sujets à fond, et après qu’une base générale utile à tous a déjà été donnée à tous également : par exemple savoir lire et écrire, parler au moins une langue correctement, un peu de géographie générale, une vue d’ensemble de la science actuelle et quelques règles de conduite indispensables pour la vie en groupe ou en communauté.

Pour l’étude en détail et à fond d’un sujet, le moment opportun dépend des enfants et de leur capacité d’apprendre.

Les précoces peuvent commencer à douze ans. Pour la grande majorité ce sera plutôt quinze ans et même dix-sept ou dix-huit.

Et quand on veut se perfectionner dans un sujet spécial, surtout un sujet scientifique ou philosophique, c’est toute sa vie que l’on doit être prêt à apprendre; l’étude ne doit jamais cesser.

22 janvier 1972


Douce Mère,

J’en reviens à la même question. Que veux-Tu dire exactement par « catégorie d’enfants » ? Est-ce que ces catégories tiennent compte seulement de leur caractère ou aussi de leurs intérêts?

Les catégories de caractère.

Pour juger des possibilités d’un enfant, les notions morales ordinaires n’ont guère d’utilité. Les natures révoltées, indisciplinées, entêtées, cachent souvent des qualités que l’on n’a pas su utiliser. Les indolents peuvent aussi [cacher] de grandes possibilités de calme et de patience.

C’est tout un monde à découvrir et les solutions faciles ne sont guère utiles. Il faut que le professeur soit encore plus travailleur que l’élève pour savoir discerner et utiliser au mieux les caractères.

23 janvier 1972


Douce Mère,

Hier Tu as parlé des règles de conduite. Quelles sont les règles de conduite que Tu considères indispensables dans notre communauté?

Patience, persévérance, générosité, largeur d’esprit, clairvoyance, fermeté calme et compréhensive, et maîtrise de l’ego jusqu’à ce qu’il [soit] complètement dominé ou même aboli.

Mère, ce n’est pas exactement cela que j’ai voulu demander. Ce que j’ai compris par « règles de conduite » c’était « étiquette » ou « manners » en anglais.

L’étiquette appartient aux règles morales de la vie ordinaire et n’a aucune valeur à notre point de vue.

23 janvier 1972


Douce Mère,

Tu as parlé de ranger les élèves selon des catégories de caractère. Dans notre état actuel d’ignorance, si nous essayons d’imposer une classification, cela ne serait-il pas quelque chose de très arbitraire et même un jeu dangereux pour l’enfant en croissance?

Naturellement il vaut mieux ne pas prendre des décisions arbitraires et ignorantes. Ce serait funeste pour les enfants.

Ce que j’ai dit est pour ceux capables de reconnaître les caractères et de les apprécier justement, autrement le résultat serait détestable et plus néfaste que l’enseignement mécanique habituel.

24 janvier 1972


Douce Mère,

Pour pouvoir faire ce que Tu nous as demandé, n’est-ce pas le premier devoir du professeur de faire un yoga intense et sincère avant d’agir d’une façon hâtive et arbitraire?

Certainement 32 !

Ce que j’ai écrit est un idéal à réaliser; il faut se préparer pour pouvoir le faire.

Le professeur, pour pouvoir adopter cette méthode, doit être un psychologue clairvoyant et cela demande du temps et de l’expérience.

24 janvier 1972


Douce Mère,

Tu as dit que le professeur doit être un psychologue clairvoyant, un Guru. Tu sais bien que nous sommes loin d’être tout cela. Les professeurs étant ce qu’ils sont, comment organiser le système d’éducation afin d’améliorer notre façon d’enseigner?

Faire ce qu’ils peuvent en sachant qu’ils ont tout à apprendre.

Ainsi ils auront de l’expérience et feront de mieux en mieux. C’est la meilleure manière d’apprendre, et s’ils le font en toute sincérité, dans deux ou trois ans ils deviendront des experts et seront vraiment utiles.

Naturellement, fait de cette manière le travail devient vraiment intéressant et fait progresser les professeurs aussi bien que les élèves.

25 janvier 1972


Douce Mère,

Comme pour les enfants, est-ce qu’on doit avoir des catégories pour les professeurs aussi — selon leur façon d’enseigner, de voir les choses, et leur affinité pour certains sujets?

Pour cela il faudra que celui qui organise les études soit un psychologue clairvoyant, attentif et de très bonne volonté, sachant que lui aussi doit apprendre et progresser.

La vraie attitude est de prendre la vie comme un champ d’étude perpétuel où l’on ne doit jamais s’arrêter d’apprendre en croyant que l’on sait tout ce que l’on doit savoir. On peut toujours savoir davantage et comprendre mieux.

25 janvier 1972


Douce Mère,

Si les enfants veulent faire un travail pratique dès l’âge de neuf ans dans les branches de l’électronique ou de la technologie, faut-il les encourager?

Oui, bien sûr.

25 janvier 1972


Douce Mère,

Dans cette méthode de travail, le professeur doit consacrer suffisamment de temps à chacun individuellement. Or les professeurs ne sont pas nombreux. Comment respecter les demandes de chacun aussi complètement que possible tout en satisfaisant tous ceux qui demandent de l’aide?

On ne peut pas faire de théorie. Cela dépend des cas, des possibilités et des circonstances. C’est une attitude que le professeur doit avoir et qu’il doit appliquer aussi bien qu’il peut et de mieux en mieux si possible.

26 janvier 1972


Douce Mère,

Tu as dit l’autre jour qu’il y avait des professeurs qui n’étaient pas capables, et qu’ils devraient cesser d’enseigner. Quel est le critère pour juger de la capacité d’un professeur?

Il faut d’abord qu’il comprenne, qu’il sache ce que nous voulons faire et qu’il comprenne bien comment le faire.

Deuxièmement, qu’il ait un pouvoir de discernement psychologique vis-à-vis des élèves et qu’il comprenne ce que sont ses élèves et ce qu’ils sont capables de faire.

Naturellement il faut qu’il sache le sujet qu’il enseigne. S’il enseigne le français, qu’il sache le français. S’il enseigne l’anglais, la géographie, la science... il faut qu’il sache ce qu’il enseigne.

Mais le plus important c’est qu’il ait le discernement psychologique 33.

31 janvier 1972


Douce Mère,

De nos jours, dans les écoles ailleurs, spécialement en Occident, on donne beaucoup d’importance à « sex education ».

Qu’est-ce que c’est que « sex education » ? Qu’est-ce qu’on enseigne?...

Moi je n’aime pas qu’on s’occupe de ces choses. De mon temps on ne s’occupait jamais de ces choses. Maintenant les enfants en parlent tout le temps — c’est dans leurs têtes, c’est dans leurs sentiments. C’est dégoûtant. C’est difficile, c’est très difficile.

Mais si on en parle ailleurs, il faut qu’on en parle ici aussi. Il faut leur dire les conséquences de ces choses. Surtout aux filles, il faut leur dire que les conséquences peuvent être fatales. Quand j’étais jeune, en ce temps, on ne parlait jamais de tout ça, on ne s’occupait jamais de ces choses. En ce temps on ne parlait pas de tout cela. Ici je ne voulais pas qu’on discute ce sujet. C’est pour cela qu’on fait la culture physique. Comme ça les énergies sont utilisées pour développer la force, la beauté, l’habileté et tout ça ; et on est davantage capable de suppression. Tu verras, ceux qui font beaucoup de culture physique, ils sont beaucoup plus capables de maîtriser les impulsions 34.

(Après méditation) Les énergies qui chez les êtres humains sont utilisées pour la reproduction et qui prennent une place si prépondérante dans leur existence doivent au contraire être sublimées et employées pour le progrès et le développement supérieur, pour préparer la venue de la race nouvelle. Mais il faut d’abord que le vital et le physique soient libérés de tout désir, autrement on risque fort d’avoir des catastrophes.

1er février 1972


Douce Mère,

Quelle est la différence essentielle entre le comportement et la responsabilité d’un professeur vis-à-vis de jeunes enfants et des élèves plus grands (de plus de quatorze-quinze ans par exemple)?.

Naturellement, à mesure que la conscience et l’intelligence se développent chez les enfants, c’est de plus en plus par leur intermédiaire que l’on doit avoir affaire avec eux.

3 février 1972


Douce Mère,

Est-ce qu’on doit punir un enfant? Punir?

punir? Si un enfant fait du bruit dans la classe et empêche les autres de travailler, il faut lui dire de se mieux conduire, et s’il continue, vous pouvez le mettre hors de la classe. Ça, ce n’est pas une punition, c’est une conséquence naturelle de ses actions. Mais punir! punir! vous n’avez aucun droit de punir. Êtes-vous le Divin? Qui vous a donné le droit de punir? Les enfants aussi peuvent vous punir pour vos actions... Êtes-vous parfaits vous-mêmes? Est-ce que vous savez ce qui est bon ou ce qui est mauvais? Seul le Divin sait. Seul le Divin a le droit de punir 35.

Les vibrations que l’on émet vous mettent en rapport avec des vibrations correspondantes. Si l’on émet des vibrations méchantes et destructrices, tout naturellement on attire sur soi des vibrations analogues et cela c’est la vraie punition, si l’on veut employer ce mot; mais cela ne correspond pas du tout à l’organisation divine du monde.

Chaque acte a ses conséquences bonnes ou mauvaises, mais l’idée de récompense et de punition est une idée purement humaine et qui ne correspond pas du tout à la façon d’agir de la Conscience de Vérité. Si la Conscience qui régit le monde agissait selon les principes humains de punition et de récompense, il y aurait longtemps qu’il ne resterait plus d’hommes sur la terre.

Quand les hommes seront assez purs pour transmettre les .

vibrations divines sans les déformer, alors la souffrance sera abolie dans le monde. C’est le seul moyen.

3 février 1972


Il y a des professeurs qui m’ont écrit qu’ils avaient lu ce que j’ai écrit pour toi et que cela leur avait fait beaucoup de bien. Alors tu peux continuer à leur montrer 36.

Cette prière, Mère?

Oui, si tu tapes sur un papier, ça :

« Nous voulons être les vrais serviteurs du Divin. »

Et puis la prière :

« Seigneur Suprême, Conscience Parfaite, Toi seul sais vraiment ce que nous sommes, ce que nous pouvons faire, le progrès que nous devons faire pour être capables et dignes de Te servir comme nous le voulons. Rends-nous conscients de nos possibilités mais aussi de nos difficultés afin que nous puissions les surmonter pour Te servir fidèlement. »

Et puis ça, la conclusion :

« Le bonheur suprême est d’être de vrais serviteurs du Divin. »

Alors il y a des gens à qui ça fait du bien. Tu as montré ton cahier?

Ce cahier [cahier de méditations], je ne le montre pas à tout le monde. De l’autre cahier, je tape les questions sur l’éducation, et ça, je le donne à l’école. Mais ce cahier, je ne le montre pas à tout le monde...

Non, ça c’est pour toi. Mais tu peux copier des choses comme ça, qui sont pour tout le monde. Tous ceux de bonne volonté, tu peux leur montrer. Je reçois plusieurs lettres me disant que cela leur avait fait beaucoup de bien. Alors tu peux continuer.

Oui, Mère, je ne montre pas ce cahier à tout le monde parce que je croyais que Tu voulais l’utiliser tout de suite pour le Bulletin.

Pas tout. Ça, par exemple, je ne le mettrai pas dans le Bulletin.

14 février 1972


Douce Mère,

À propos des catégories pour l’école, dont Tu as parlé, doit-il y avoir aussi des catégories similaires pour l’éducation physique?

Pour les exercices physiques tout dépend des corps et de leurs possibilités. Les exercices faciles et qui ne fatiguent pas peuvent être donnés à tous.

Ensuite tout dépend des corps, de leur force, de leur santé, de leur résistance à la fatigue, etc., etc.

Il faudrait donner les exercices suivant les possibilités et le classement des enfants devrait être fait suivant ces possibilités. C’est une question d’expérience et d’observation.

Pour être un bon professeur de culture physique, il faudrait savoir l’anatomie, les différentes fonctions du corps, leur développement et leur fonctionnement.

16 février 1972


Douce Mère,

Peux-Tu nous écrire quelque chose sur la discipline?

La discipline est indispensable à la vie physique. Le bon fonctionnement des organes est basé sur une discipline. C’est justement quand un organe ou une partie du corps ne se soumet pas à la discipline générale du corps que l’on tombe malade.

La discipline est indispensable au progrès. C’est seulement quand on s’impose une discipline rigoureuse et éclairée qu’on peut se soustraire à la discipline des autres.

La suprême discipline est la soumission intégrale au Divin et de ne rien permettre ni dans ses sentiments ni dans ses activités. Jamais rien ne doit échapper à cette soumission — c’est la discipline suprême et rigoureuse.

17 février 1972


Douce Mère,

Hier Tu as écrit sur la discipline, mais quelle attitude doit-on prendre envers la discipline imposée à laquelle on doit se conformer dans une vie en communauté?

La vie en communauté doit nécessairement avoir une discipline pour que les plus faibles ne soient pas brimés par les plus forts; et cette discipline doit être respectée par tous ceux qui veulent vivre dans cette communauté.

Mais pour que la communauté soit heureuse il faut que cette discipline soit fixée par celui ou ceux qui ont la plus grande largeur d’esprit, si possible celui ou ceux qui sont conscients de la Présence Divine et lui sont soumis.

Pour que la terre soit heureuse, le pouvoir devrait être entre les mains seulement de ceux qui sont conscients de la Volonté Divine. Mais pour le moment cela est impossible parce que le nombre de ceux qui sont vraiment conscients de la Volonté Divine est minime, et qu’ils n’ont nécessairement pas d’ambition.

À vrai dire, quand le temps sera venu pour cette réalisation, elle prendra place tout naturellement.

Le devoir de chacun est de s’y préparer aussi complètement qu’il le peut.

18 février 1972


Mère, il y a des gens qui critiquent le fait que nous ayons trop de règles dans notre éducation physique et que nous imposions trop de discipline aux enfants.

Il ne peut pas y avoir d’éducation physique sans discipline. Le corps lui-même ne pourrait pas fonctionner sans une stricte discipline. En fait c’est le fait de ne pas reconnaître cela qui est la principale cause des maladies.

La digestion, la croissance, la circulation du sang, tout, tout, est une discipline... la pensée, les mouvements, les gestes, tout est une discipline, et s’il n’y a pas de discipline les gens tombent malades tout de suite 37.

18 février 1972


Douce Mère,

Les élèves, surtout les adolescents, se plaignent souvent qu’ils doivent faire même les exercices physiques qu’ils n’aiment pas et qu’ils ne trouvent pas intéressants. Peux-Tu répondre à cela, Mère?

On n’est pas sur la terre pour faire son bon plaisir mais pour progresser.

Les exercices physiques sont faits non pour vous amuser ou satisfaire vos caprices, mais comme une discipline méthodique pour développer et fortifier le corps.

La vraie sagesse est de prendre plaisir à tout ce que l’on fait et cela est possible si l’on prend tout ce que l’on fait comme un moyen de progresser. La perfection est difficile à obtenir et il y a toujours beaucoup de progrès à faire pour y arriver.

Rechercher le plaisir est certainement le meilleur moyen de se rendre malheureux.

Si vous voulez vraiment la paix et le bonheur, que votre préoccupation constante soit :

« Quel progrès dois-je faire pour pouvoir connaître et servir le Divin ? 38»

Tu montres ça à C. Elle ne devrait pas avoir écouté ce que les enfants disent. Il y a longtemps qu’elle est ici. Il faut savoir ça. Ça (rechercher le plaisir est certainement le meilleur moyen de se rendre malheureux), c’est une vérité absolue. Cela affirme que si vous voulez satisfaire votre petit ego, vous êtes sûr d’être malheureux. Sûr! C’est la meilleure manière de se rendre malheureux. Dire : « Oh, ça m’ennuie; oh, je dois faire mon bon plaisir; oh, celui-là n’est pas gentil avec moi; oh, la vie ne m’apporte pas ce que je demande. Ouha ! ! ! »

« Est-ce que je suis ce que je dois être?

Est-ce que je fais ce que je dois faire?

Est-ce que je progresse autant que je dois? »

Alors ça devient intéressant. Voilà !

« Qu’est-ce qu’il faut que j’apprenne dans mon prochain progrès? Quelle est mon infirmité qu’il faut que je guérisse? Quel est mon défaut qu’il faut que je surmonte? Quelle est ma faiblesse qu’il faut que je fasse disparaître? » Voilà !

Et puis naturellement, à l’instant suivant : « Comment être capable de comprendre et de servir le Divin? » Voilà !

Je l’ai écrit spécialement pour que tu le montres à C.

Oui Mère, elle le sait, mais elle voulait savoir comment faire comprendre aux élèves.

Oui, il n’y a que ça à dire.

19 février 1972









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