La Vie Divine 1153 pages 2005 Edition
French Translation
  Cristof Alward-Pitoëff

ABOUT

Sri Aurobindo's principal work of philosophy and metaphysics, expounding a vision of spiritual evolution culminating in the transformation of man from a mental into a supramental being and the advent of a divine life upon earth.

La Vie Divine

Sri Aurobindo symbol
Sri Aurobindo

Sri Aurobindo's principal work of philosophy and metaphysics. In this book, Sri Aurobindo expounds a vision of spiritual evolution culminating in the transformation of man from a mental into a supramental being and the advent of a divine life upon earth. The material first appeared as a series of essays published in the monthly review Arya between 1914 and 1919. They were revised by Sri Aurobindo in 1939 and 1940 for publication as a book.

Sri Aurobindo Birth Centenary Library (SABCL) The Life Divine Vols. 18,19 1070 pages 1970 Edition
English
 PDF    philosophymetaphysics
Sri Aurobindo symbol
Sri Aurobindo

Sri Aurobindo's principal work of philosophy and metaphysics. In this book, Sri Aurobindo expounds a vision of spiritual evolution culminating in the transformation of man from a mental into a supramental being and the advent of a divine life upon earth. The material first appeared as a series of essays published in the monthly review Arya between 1914 and 1919. They were revised by Sri Aurobindo in 1939 and 1940 for publication as a book.

French Translations of books by Sri Aurobindo La Vie Divine 1153 pages 2005 Edition
French Translation
Translator:   Cristof Alward-Pitoëff  PDF    LINK

27

La septuple trame de l'être

Dans l'ignorance de mon mental, je demande : que sont ces marches des dieux qui sont établies au-dedans? Les Dieux omniscients ont pris l'Enfant d'un an, et ils ont tissé autour de lui sept fils pour façonner cette trame.

Rig-Véda. 1.164.5.

Page 297


Notre examen des sept grands termes de l'existence que les anciens voyants ont définis comme le fondement et le septuple mode de toute l'existence cosmique, nous a permis de distinguer les degrés de l'évolution et de l'involution, et nous sommes parvenus à la base de connaissance que nous recherchions. Nous avons établi que l'origine, le réceptacle, la réalité initiale et ultime de tout ce qui existe dans le cosmos est le triple principe d'Existence-Conscience-Béatitude transcendant et infini qui constitue la nature de l'être divin. La Conscience a deux aspects — illuminateur et réalisateur, état et pouvoir de conscience intrinsèque, état et pouvoir de force intrinsèque —, par lesquels l'Être se possède, dans son état statique comme dans son mouvement dynamique ; car en son action créatrice, il connaît, par une conscience de soi omnipotente, tout ce qui est latent en lui et il engendre et gouverne l'univers de ses potentialités par sa propre énergie omnisciente. Le nœud de cette action créatrice du Tout-Existant se trouve dans le quatrième principe, le principe intermédiaire du Supramental ou Idée-Réelle, où une Connaissance divine, une avec l'existence en soi, la conscience de soi et une Volonté substantielle en parfaite harmonie avec cette Connaissance — car elle est elle-même, en sa substance et sa nature, cette existence en soi consciente de soi, dynamique en son action illuminée — développe infailliblement le mouvement, la forme et la loi des choses, conformément à leur Vérité existante en soi et en harmonie avec les significations de sa propre manifestation.

La création dépend de ce double principe d'unité et de multiplicité entre lesquelles elle se meut; c'est une multiplicité d'idées, de forces et de formes qui exprime une unité originelle, et c'est une éternelle unité qui est le fondement et la réalité des mondes multiples et rend leur jeu possible. Le Supramental procède donc par une double faculté de connaissance, compréhensive et appréhensive ; passant de

Page 298


l'unité, essentielle à la multiplicité résultante; il comprend toutes choses en lui-même comme lui-même, comme l'Un en ses multiples aspects et il appréhende séparément toutes choses en lui-même comme objets de sa volonté et de sa connaissance. Pour sa conscience de soi originelle, toutes choses sont un seul être, une seule conscience, une seule volonté, un seul délice intrinsèque et tout le mouvement des choses un mouvement unique et indivisible, alors que dans son action, le Supramental passe de l'unité à la multiplicité et de la multiplicité à l'unité, créant entre elles une relation ordonnée et une division apparente, mais non impérativement réelle, une subtile division qui ne sépare point, ou plutôt une délimitation et une détermination dans l'indivisible. Le Supramental est la Gnose divine qui crée, gouverne et soutient les mondes : c'est la Sagesse secrète sur quoi reposent à la fois notre Connaissance et notre Ignorance.

Nous avons également découvert que le Mental, la Vie et la Matière sont un triple aspect de ces principes supérieurs qui, dans le cadre de notre univers, sont soumis dans leur action au principe d'Ignorance, l'Un s'étant oublié lui-même, en apparence et en surface, dans son jeu de division et de multiplicité. En réalité, ces trois pouvoirs ne sont que les pouvoirs subordonnés du quaternaire divin : le Mental est un pouvoir subordonné du Supramental qui s'appuie sur une vision séparative, oublieux en fait de l'unité sous-jacente bien qu'il puisse y retourner par une réillumination provenant du Supramental ; de même, la Vie est un pouvoir subordonné de l'aspect d'énergie de Satchidânanda, c'est la Force élaborant la forme et le jeu de l'énergie consciente à partir de cette vision séparative que crée le Mental; la Matière est la forme de la substance d'être que revêt l'existence de Satchidânanda lorsqu'il se soumet à l'action phénoménale de sa conscience et de sa force inhérentes.

Il y a, en outre, un quatrième principe qui se manifeste derrière ce noeud du mental, de la vie et du corps, et que nous appelons âme ; mais celle-ci revêt une double apparence : au premier plan, l'âme de désir qui lutte pour posséder les choses et en jouir et, à l'arrière-plan — largement ou entièrement dissimulée par l'âme de désir —, l'entité psychique réelle qui est le véritable réceptacle des expériences de l'esprit. Et nous en avons conclu que ce quatrième principe humain est une projection et une action du troisième principe divin, qui est la Béatitude infinie, mais une action selon les modalités de notre conscience et les conditions de

Page 299


l'évolution de l'âme, en ce monde; De même que l'existence du Divin est par nature une conscience infinie et le pouvoir inhérent de cette conscience, de même la nature de cette conscience infinie est-elle pure et infinie Béatitude; la possession de soi et la conscience de soi sont l'essence de sa propre félicité. Le cosmos est lui aussi un jeu de cette félicité divine, et le ravissement de ce jeu, l'Universel le possède entièrement; mais en l'individu, du fait de l'action de l'ignorance et de la division, il est retenu dans l'être subliminal et dans le supraconscient ; à la surface, il est absent et on doit le chercher, le trouver et le posséder en développant la conscience individuelle pour qu'elle atteigne à l'universalité et à la transcendance.

Nous pourrions donc poser huit¹ principes au lieu de sept; et nous percevons alors que notre existence est, en quelque sorte, une réfraction de l'existence divine, l'ascension se faisant dans l'ordre inverse de celui de la descente, selon la gradation suivante :

Existence

Conscience-Force

Béatitude

Supramental

Matière

Vie 

Psyché

Mental

Grâce au jeu de la Conscience-Force, de la Béatitude et de l'intermédiaire créateur qu'est le Supramental, le Divin descend de l'existence pure dans l'être cosmique ; grâce à une vie, une âme et un mental qui se développent, et grâce à l'intermédiaire illuminateur qu'est le Supramental, nous nous élevons de la Matière vers l'être divin. Les deux hémisphères,² inférieur et supérieur, se joignent au point de rencontre du mental et du Supramental, qu'un voile sépare encore. Déchirer ce voile est la condition de la vie divine dans l'humanité; car par cette déchirure, et par la descente illuminatrice de l'être supérieur dans la nature de l'être inférieur et la puissante ascension de l'être inférieur vers la nature de l'être supérieur, le mental recouvre sa lumière divine dans le Supramental qui embrasse tout, l'âme réalise son moi divin dans l'Ânanda qui possède tout, et qui est toute-Béatitude; la vie reprend possession de son pouvoir divin dans le jeu de la Force-Consciente

¹Les Voyants védiques parlent des sept Rayons, mais aussi de huit, neuf, dix ou douze.

²Parârdha et Aparârdha.

Page 300


toute-puissante, et la Matière s'ouvre à sa divine liberté comme à une forme de l'Existence divine. Et si l'évolution, qui trouve ici et maintenant en l'être humain son couronnement et son souverain, a un but, autre que cette ronde sans fin et sans raison d'où s'échappent quelques individus, si l'infinie possibilité de cette créature, la seule en ce monde à se tenir entre l'Esprit et la Matière comme pouvoir médiateur, a un sens, autre qu'un éveil final l'arrachant à l'illusion de la vie et provoqué par le désespoir et le dégoût de l'effort cosmique et par son rejet complet, alors cette transfiguration et cette émergence lumineuses et puissantes du Divin dans la créature doivent être ce but élevé et cette suprême signification.

Mais avant de pouvoir aborder les conditions psychologiques et pratiques de cette transfiguration, grâce auxquelles cette possibilité essentielle se changerait en un pouvoir dynamique, nous avons bien des choses à considérer; car il nous faut discerner non seulement les principes fondamentaux de la descente de Satchidânanda dans l'existence cosmique, ce que nous avons déjà fait, mais le vaste plan de son organisation ici-bas, et la nature et l'action du pouvoir manifesté de la Force-Consciente qui détermine les conditions de notre existence actuelle. Pour le moment, ce que nous devons voir en premier lieu, c'est que les sept ou huit principes que nous avons examinés sont essentiels à toute création cosmique et, manifestés ou non, sont déjà présents en nous, en cet " Enfant d'un an " que nous sommes encore — car nous sommes fort loin d'être les adultes de la Nature évolutive. La Trinité supérieure est la source et la base de toute existence et de tout jeu de l'existence, et tout cosmos doit être une expression et une action de sa réalité essentielle. Aucun univers ne peut être simplement une forme d'être qui aurait jailli et se serait dessinée dans une nullité et un vide absolus, et qui se détacherait sur une vacuité non existante. Ce doit être une représentation de l'existence dans l'Existence infinie qui dépasse toute représentation, ou il doit être lui-même la Toute-Existence. En fait, lorsque nous unifions notre moi avec l'être cosmique, nous voyons qu'il est ces deux choses en même temps; autrement dit, qu'il est le Tout-Existant se représentant en une série infinie de rythmes dans son extension conceptuelle de Soi comme Temps et comme Espace. Nous voyons en outre que cette action, ainsi que toute action cosmique, est impossible sans le jeu d'une Force d'Existence infinie qui produit et règle toutes ces formes et tous ces mouvements ; et cette Force présuppose également — cette Force est l'action d'une Conscience infinie, car

Page 301


elle est, en sa nature, une Volonté cosmique qui détermine toutes les relations et les appréhende selon son propre mode de conscience; or elle ne pourrait les déterminer, ni les appréhender ainsi, s'il n'y avait pas, derrière ce mode de conscience cosmique, une Conscience intégrale qui puisse engendrer aussi bien que maintenir, fixer et réfléchir, en cette conscience cosmique, les relations de l'Être dans ce développement croissant ou ce devenir de lui-même que nous appelons un univers.

Enfin, puisque la Conscience est omnisciente et omnipotente, qu'elle se possède elle-même entièrement et lumineusement, et puisque cette entière et lumineuse possession de soi est nécessairement et en sa nature même Béatitude, car elle ne peut rien être d'autre, alors goûter cette félicité en soi, vaste et universelle, doit être la cause, l'essence et l'objet de l'existence cosmique. " S'il n'y avait, embrassant tout, cet éther de la Joie d'être où nous demeurons, et si cette joie n'était pas notre éther, nul ne pourrait respirer, nul ne pourrait vivre",¹ dit l'ancien Voyant. Cette béatitude essentielle peut devenir subconsciente, être apparemment perdue à la surface ; cependant, non seulement elle doit être présente, à la racine de notre être, mais toute existence doit être essentiellement une recherche et un mouvement pour l'atteindre, la découvrir et la posséder ; et dans la mesure où la créature dans le cosmos se découvre elle-même dans la volonté et le pouvoir, dans la lumière et la connaissance, dans l'être et la vastitude, dans l'amour et la joie, elle doit s'éveiller à une première vague de cette secrète extase. La joie d'être, le délice de la réalisation par la connaissance, le ravissement de la possession par la volonté et le pouvoir ou par la force créatrice, l'extase de l'union dans l'amour et la joie, sont les plus hauts termes de la vie qui s'élargit, car ils sont l'essence de l'existence elle-même en ses racines cachées comme sur ses sommets encore inaperçus. Dès lors, où que se manifeste l'existence cosmique, ces trois principes doivent se trouver derrière elle et en elle.

Mais l'Existence, la Conscience et la Béatitude infinies n'auraient nul besoin de se projeter dans l'être apparent — ou, si elles le faisaient, ce ne serait pas l'être cosmique, mais simplement une infinité de représentations sans ordre ni relation fixes —, si elles ne contenaient ou ne développaient et ne faisaient émerger d'elles-mêmes ce quatrième terme

¹Taittirîya Upanishad.

Page 302


qu'est le Supramental, la Gnose divine. En tout cosmos doit exister un pouvoir de Connaissance et de Volonté qui, à partir de la potentialité infinie, fixe des relations déterminées, tire le fruit de la semence, déroule les puissants rythmes de la Loi cosmique et contemple et gouverne les mondes dont il est le Voyant et le Souverain immortel et infini.¹ Ce pouvoir n'est rien autre, en fait, que Satchidânanda Lui-même; il ne crée rien qui ne soit en sa propre existence, et c'est pourquoi toute Loi cosmique véritable est imposée, non du dehors mais du dedans; tout développement est un développement de soi, toute semence est la semence d'une Vérité des choses, et tout résultat le produit de cette semence déterminé à partir de ses potentialités. Pour la même raison, nulle Loi n'est absolue, car seul l'infini est absolu, et toute chose contient en soi des potentialités infinies dépassant de beaucoup sa forme et son cours établis, qui ne sont déterminés que par une auto-limitation de l'Idée procédant d'une liberté intérieure infinie. Le pouvoir d'autolimitation est forcément inhérent au Tout-Existant illimité. L'Infini ne serait pas l'Infini s'il ne pouvait revêtir une multiple finitude ; l'Absolu ne serait pas l'Absolu si, en sa connaissance, son pouvoir, sa volonté et la manifestation de son être, lui était refusée une capacité illimitée d'auto-détermination. Ce Supramental est donc la Vérité ou Idée-Réelle, inhérente à toute force et à toute existence cosmiques; tout en demeurant infinie, elle est nécessaire pour déterminer, combiner et soutenir les rapports, l'ordre et les grandes lignes de la manifestation. Comme l'exprimaient les rishis védiques : de même que l'Existence, la Conscience et la Béatitude infinies sont les trois Noms suprêmes et cachés du Sans-Nom — ce Supramental est le quatrième Nom,² quatrième par rapport à Cela en sa descente, quatrième par rapport à nous en notre ascension.

Mais le Mental, la Vie et la Matière — la trilogie inférieure — sont également indispensables à tout être cosmique, non pas nécessairement sous la forme ou dans l'action et les conditions que nous connaissons sur terre ou dans cet univers matériel, mais dans un certain genre d'action, si lumineuse, puissante et subtile qu'elle puisse être. Car le Mental est essentiellement le pouvoir du Supramental qui mesure et limite, qui

¹Le Voyant, le Penseur, Celui qui partout est en devenir, l'Existant-en-soi (îshâ Upanishad, 8).

²Turîyam svid, " un Quatrième ", aussi appelé turîyam dhâma, la quatrième position ou le quatrième équilibre de l'existence.

Page 303


fixe un centré particulier et, de là, voit le mouvement cosmique et ses interactions. Même en admettant que, dans un monde, sur un plan ou selon un arrangement cosmique particuliers, le mental ne soit pas nécessairement limité, ou plutôt que l'être qui utilise le mental comme pouvoir subordonné ne soit pas incapable de voir les choses depuis d'autres centres ou selon d'autres points de vue — ou même depuis le Centre réel de tout ou dans la vastitude d'une expansion de soi universelle —, cependant, si cet être n'était pas capable de déterminer précisément sa position normale pour la réalisation de certains desseins de l'activité divine, s'il n'y avait qu'une expansion universelle, ou seulement des centres infinis dont aucun n'aurait d'action déterminante ou librement limitative, alors il n'y aurait pas de cosmos, mais seulement un Être plongé dans sa méditation infinie, tel un créateur ou un poète méditant librement, sans se préoccuper de la forme, avant de se mettre au travail déterminant de la création. Un tel état doit exister quelque part dans l'échelle infinie de l'existence, mais ce n'est pas ce que nous entendons par cosmos. Et si un certain ordre s'y manifeste, ce sera un ordre sans fixité ni contrainte, comme celui que le Supramental a pu élaborer avant d'entreprendre de définir les modalités du développement, de fixer les mesures et d'établir des rapports interactifs invariables. Le Mental est nécessaire à cette mesure et à cette interaction, bien qu'il lui suffise de se percevoir comme une action subordonnée du Supramental et n'ait pas besoin de développer ces rapports interactifs sur la base d'un égoïsme prisonnier de lui-même comme celui que nous voyons à l'œuvre dans la Nature terrestre.

Une fois que le Mental existe, la Vie et la Forme de la substance se manifestent à leur tour, car la vie n'est autre que la détermination de la force et de l'action, des rapports et de l'interaction de l'énergie à partir de centres de conscience multiples et fixes — fixes non pas nécessairement en un lieu ou dans le temps, mais dans une persistante coexistence d'êtres ou de formes d'âme de l'Éternel soutenant une harmonie cosmique. Cette vie serait peut être fort différente de la vie telle que nous la connaissons ou la concevons, mais essentiellement le principe à l'œuvre serait semblable à celui que nous voyons ici représenté sous forme de vitalité — principe auquel les anciens penseurs de l'Inde donnèrent le nom de Vâyu ou de Prâna, le matériau-de-vie, la volonté et l'énergie substantielles dans le cosmos qui élaborent une forme et une action déterminées et une consciente dynamis de l'être. La

Page 301


substance, elle aussi, pourrait être très différente de ce que notre vision et notre sensation perçoivent comme un corps matériel; beaucoup plus subtile, elle serait dotée d'un principe d'auto-division et de résistance mutuelle beaucoup moins impérieux, et le corps, ou la forme, serait alors un instrument et non une prison ; cependant, une certaine détermination de la forme et de la substance resterait nécessaire à l'interaction cosmique, ne serait-ce qu'un corps mental ou quelque chose d'encore plus lumineux, subtil, puissamment et librement réceptif que le corps mental le plus libre.

Il s'ensuit que partout où se trouve un Cosmos — même si un seul principe est apparent à l'origine et paraît être l'unique principe des choses, et même si tout ce qui peut apparaître par la suite dans le monde semble n'être rien de plus que ses formes et ses résultats, nullement indispensables en eux-mêmes à l'existence cosmique —, ce front de l'être ne peut être qu'un masque ou qu'une apparence illusoire de sa vérité réelle. Là où un principe est manifesté dans le cosmos, tous les autres doivent non seulement être présents et passivement latents, mais secrètement à l'œuvre. Dans un monde donné, quel qu'il soit, l'échelle et l'harmonie de l'être peuvent être ouvertement en possession des sept principes, à un degré plus ou moins haut d'activité; dans un autre, ils peuvent être tous involués dans un seul qui devient le principe initial ou fondamental de l'évolution en ce monde-là, mais il doit y avoir évolution de ce qui est involué. L'évolution du septuple pouvoir d'être, la réalisation de son septuple Nom, doit être la destinée de tout monde qui commence apparemment par une involution de tous les pouvoirs en un seul.¹ Il était donc dans la nature des choses que l'univers matériel fît évoluer de sa vie cachée une vie apparente, de son mental caché un mental apparent, et il est également dans la nature des choses qu'il fasse évoluer de son Supramental caché le Supramental apparent et de l'Esprit celé en lui la triple gloire de Satchidânanda. La seule question est de savoir si la terre est destinée à être la scène de cette émergence ou si la création humaine sur cette scène, ou sur toute autre scène matérielle, dans ce cycle ou un autre des vastes révolutions du Temps, doit être son instrument et son véhicule. Les anciens voyants croyaient en cette possibilité pour l'homme, et la tenaient pour sa destinée divine; le

¹Il n'est pas nécessaire qu'en un monde donné il y ait involution; il suffit que les autres principes soient subordonnes à un seul ou inclus en un seul; l'évolution n'est pas une nécessité de cet ordre universel.

Page 305


penseur moderne ne la conçoit même pas ou, s'il la concevait, ce serait pour la nier ou la mettre en doute. S'il a une vision du Surhomme, c'est sous la forme de degrés supérieurs de mentalité ou de vitalité ; il n'admet aucune autre émergence, ne voit rien au-delà de ces principes, car ils ont tracé pour nous jusqu'à maintenant notre limite et notre cercle. Dans ce monde de progrès, chez cette créature humaine en laquelle a été allumée l'étincelle divine, il est probable que la vraie sagesse coexiste avec l'aspiration la plus haute plutôt qu'avec la négation de l'aspiration, ou avec un espoir qui se limite et s'enferme entre les murs étroits de la possibilité apparente, simple refuge intermédiaire où se poursuit notre formation. Dans l'ordre spirituel des choses, plus nous projetons haut notre vision et notre aspiration, plus grande est la Vérité qui cherche à descendre en nous, car elle y est déjà présente et demande à être délivrée du revêtement qui la dissimule dans la Nature manifestée.

Page 306









Let us co-create the website.

Share your feedback. Help us improve. Or ask a question.

Image Description
Connect for updates