Sri Aurobindo's principal work of philosophy and metaphysics, expounding a vision of spiritual evolution culminating in the transformation of man from a mental into a supramental being and the advent of a divine life upon earth.
Sri Aurobindo's principal work of philosophy and metaphysics. In this book, Sri Aurobindo expounds a vision of spiritual evolution culminating in the transformation of man from a mental into a supramental being and the advent of a divine life upon earth. The material first appeared as a series of essays published in the monthly review Arya between 1914 and 1919. They were revised by Sri Aurobindo in 1939 and 1940 for publication as a book.
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L'énergie prânique est la vie des créatures; car c'est elle que l'on appelle le principe universel de la vie.
Taittirîya Upanishad. II. 3.
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Nous percevons donc ce qu'est le Mental en son origine divine et comment il se trouve relié à la Conscience-de-Vérité — le Mental, le plus haut des trois principes inférieurs qui constituent notre existence humaine. C'est une action particulière de la conscience divine, ou plutôt, c'est le dernier chaînon de toute son action créatrice. Il permet au Purusha de tenir séparées ses formes et ses forces multiples en leurs relations mutuelles ; il crée des différences phénoménales qui, pour l'âme individuelle après sa chute hors de la Conscience-de-Vérité, prennent l'apparence de divisions radicales; c'est lui qui, par cette perversion originelle, a engendré toutes les autres perversions qui portent la marque de dualités antagonistes et d'oppositions propres à la vie de l'Ame dans l'Ignorance. Mais tant qu'il n'est pas séparé du Supramental, il soutient, non point ce qui est perverti et faux, mais le fonctionnement divers de la Vérité universelle.
Le Mental apparaît dès lors comme un agent cosmique créateur. Ce n'est pas l'impression que, d'ordinaire, nous avons de notre mentalité ; nous la considérons plutôt, avant tout, comme un organe de perception — perception de choses déjà créées par la Force œuvrant dans la Matière —, et la seule chose dont nous consentions à lui attribuer l'origine est une création secondaire de formes nouvelles et combinées, à partir de celles qu'a déjà développées la Force dans la Matière. Mais la connaissance que nous redécouvrons à présent, grâce aux récentes découvertes de la science, nous laisse entrevoir que, dans cette Force et dans cette Matière, un Mental subconscient est à l'œuvre, qui est certainement responsable de sa propre émergence, d'abord dans les formes de la vie, puis dans les formes du mental lui-même : d'abord, donc, dans la conscience nerveuse de la vie végétale et de l'animal primitif, puis dans la mentalité progressive de l'animal évolué et de l'homme. Et de même que nous avons déjà découvert que la Matière n'est qu'une forme substantielle de la Force, de même découvrirons-nous que la Force matérielle n'est qu'une forme d'énergie du Mental. La Force matérielle
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est en fait une opération subconsciente de la Volonté; la Volonté qui œuvre en nous dans ce qui semble être la lumière, bien qu'en vérité ce ne soit guère qu'une demi-lumière, et la Force matérielle qui œuvre dans ce qui nous semble être une obscurité d'inintelligence, sont réellement et essentiellement la même chose, comme la pensée matérialiste l'a toujours instinctivement perçu, mais en partant du mauvais bout, de l'extrémité inférieure des choses, et comme la connaissance spirituelle, agissant depuis le sommet, l'a depuis longtemps découvert. Par conséquent, nous pouvons dire qu'il y a un Mental subconscient, ou une Intelligence subconsciente qui, manifestant la Force comme pouvoir dynamique, comme Nature exécutrice, comme Prakriti, a créé ce monde matériel.
Mais comme nous l'avons maintenant découvert, le Mental n'est pas: une entité indépendante et originelle, il n'est qu'une opération finale de la Conscience-de-Vérité ou Supramental ; il s'ensuit que, là où se trouve le Mental, doit se trouver le Supramental. Le Supramental ou Conscience-de-Vérité est le véritable agent créateur de l'Existence universelle. Même quand, dans sa conscience obscurcie, le Mental est séparé de sa source, ce plus vaste mouvement demeure toujours présent dans son action; même les opérations de la Force matérielle, qui est pourtant si grossière, inerte et obscurcie, il les oblige à préserver leurs justes relations, élabore les résultats inévitables qu'elles portent en elles, fait naître le bon arbre de la bonne graine, et les contraint à produire un monde de Loi, d'ordre, de justes rapports et non, comme il en serait autrement, les collisions foudroyantes du hasard et du chaos. De toute évidence, cet ordre et ces justes rapports ne peuvent être que relatifs, et non l'ordre suprême et la suprême justice qui régneraient si le Mental n'était, en sa conscience, séparé du Supramental; c'est un agencement de résultats, un ordre juste, propre à l'action du Mental diviseur qui crée ses oppositions séparatrices, ses dualités contradictoires de l'unique Vérité. Ayant conçu l'Idée de cette représentation de soi duelle ou divisée et l'ayant projetée dans l'action, la Conscience divine en déduit, comme idée-réelle, et en extrait pratiquement, comme substance de vie, sa propre vérité inférieure, résultat inévitable de ces relations variées ; et tout cela, elle l'accomplit grâce à l'action directrice de la Conscience-de-Vérité intégrale qui est derrière l'Idée. Car telle est la nature de la Loi, de la Vérité dans le monde : le juste fonctionnement et la juste émergence de ce qui est contenu dans l'être, implicite dans l'essence et la nature de la chose elle-même, latent en son être essentiel
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et sa loi essentielle, svabhâva et svadharma, tels que les voit la Connaissance divine. Pour citer l'une des merveilleuses formules de l'îshâ Upanishad,¹ qui contiennent un monde de connaissance en quelques mots révélateurs, c'est l'Existant-en-soi qui, de toute éternité, en tant que voyant et penseur partout en devenir, a disposé en Lui-même toutes choses à leur. juste place selon la vérité de leur être.
Par conséquent, le triple monde où nous vivons, le monde du Mental-Vie-Corps, n'est triple qu'à son stade d'évolution actuel. La Vie involuée dans la Matière a émergé sous forme de vie pensante et mentalement consciente. Mais il y a aussi le Supramental qui, involué dans le Mental, et donc dans la Vie et dans la Matière, est l'origine et le souverain des trois autres, et cela aussi doit émerger. Nous cherchons une intelligence à l'origine du monde, parce que l'intelligence est le plus haut principe dont nous soyons conscients et celui qui, à nos yeux, semble gouverner et expliquer toute nos actions et toutes nos créations ; dès lors, et à condition qu'une Conscience existe dans l'univers, nous présumons que ce doit être une Intelligence, une Conscience mentale. Mais l'intelligence ne fait que percevoir, réfléchir et utiliser dans la mesure de ses moyens l'action d'une Vérité d'être qui lui est supérieure; aussi le pouvoir qui agit à travers lui doit-il être une forme différente et supérieure de la Conscience propre à cette Vérité. Il nous faut par conséquent rectifier notre conception et affirmer que cet univers matériel a été créé, non par un Mental ou une Intelligence subconscients, mais par un Supramental involué qui projette le Mental comme la forme particulière et immédiatement active de sa connaissance-volonté subconsciente dans la Force, et qui utilise la Force ou la Volonté matérielles subconscientes dans la,substance de l'être comme sa Nature exécutrice ou Prakriti.
Nous observons cependant que le Mental se manifeste ici dans une spécialisation de la Force que nous appelons Vie. Qu'est-ce donc que la Vie ? et quelle relation a-t-elle avec le Supramental, cette suprême trinité de Satchidânanda qui œuvre dans la création au moyen de l'Idée-Réelle ou Conscience-de-Vérité ? De quel principe dans la trinité prend-elle naissance ? ou de quelle nécessité, divine ou non divine, de la Vérité ou de l'illusion, provient son être ? Un cri retentit d'âge en âge : la Vie est un mal, un mirage, un délire, une folie que nous
¹Kavir manîshî paribhûh, svayambhûr yâthâtathyato'rthân vyadadhât shâshvatîbhyah samâbhyah. Îshâ Upanishad, verset 8.
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devons fuir pour entrer dans le repos de l'être éternel. Et, en admettant que cela soit vrai, quelle en est la raison ? Pourquoi l'Éternel s'est-il gratuitement infligé ce mal, pourquoi est-il imposé ce délire ou cette folie, ou l'a-t-il imposé à toutes les créatures engendrées et trompées par Sa terrible Maya ? Ou ne serait-ce pas plutôt un principe divin qui s'exprime ainsi, un pouvoir de la Joie de l'être éternel qui devait s'exprimer et s'est ainsi projeté dans l'Espace et le Temps, dans ce perpétuel jaillissement des millions et des millions de formes de vie qui peuplent les innombrables mondes de l'univers ?
Lorsque nous étudions cette Vie telle qu'elle se manifeste sur terre, avec la Matière pour base, nous remarquons qu'elle est essentiellement une forme de l'unique Énergie cosmique, un mouvement ou un courant dynamique de cette Énergie positive ou négative, un acte ou un jeu constant de la Force qui construit les formes, les dynamise par un flux continuel de stimulations et les maintient par un processus incessant de désintégration et de renouvellement de leur substance. Ce qui semblerait indiquer que l'opposition naturelle entre la mort et la vie est une erreur de notre mentalité, une de ces fausses oppositions —fausses pour la vérité intérieure, bien que valables dans l'expérience concrète superficielle — que, trompée par les apparences, elle introduit constamment dans l'unité universelle. La mort n'a de réalité que comme processus de la vie. La désintégration de la substance et le renouvellement de la substance, la préservation de la forme et le changement de forme sont le processus constant de la vie ; la mort n'est qu'une rapide désintégration résultant de la nécessité, pour la vie, de changer et de varier son expérience dans les formes. Même à la mort du corps, il n'y a point cessation de la Vie ; simplement, le matériau d'une forme de vie se désagrège pour servir de matériau à d'autres formes de vie. De même, nous pouvons être sûrs, selon la loi uniforme de la Nature, que s'il existe dans ta forme corporelle une énergie mentale ou une énergie psychique, elles non plus ne sont pas détruites, mais ne font que se libérer d'une forme pour en assumer d'autres par quelque processus de métempsycose ou en insufflant l'âme dans le corps. Tout se renouvelle",rien ne périt.
On pourrait en conséquence affirmer qu'une seule Vie, ou. une seule énergie dynamique, imprègne tout — l'aspect matériel n'en étant que le mouvement le plus extérieur — et crée toutes ces formes de
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l'univers physique:: 'Vie impérissable, éternelle qui, même si toute représentation de l'univers était entièrement abolie, continuerait néanmoins d'exister et pourrait produire à sa place un nouvel univers, et continuerait nécessairement et inévitablement de créer, à moins qu'elle ne se retienne elle-même ou ne soit retenue dans un état de repos par un Pouvoir supérieur. Dans ce cas, la Vie ne serait autre que la Force qui édifie, préserve et détruit les formes dans le monde ; c'est la Vie qui se manifeste sous la forme de la terre aussi bien qu'en la plante qui croît sur la terre et dans les animaux qui se maintiennent en vie en dévorant la force vitale de la plante ou en se dévorant les uns les autres. Toute existence terrestre est une Vie universelle qui prend la forme de la Matière. Dans ce but, elle pourrait cacher le processus de vie dans le processus physique avant d'émerger comme sensibilité submentale et vitalité mentalisée, mais elle n'en serait pas moins, tout du long, le même principe de Vie créateur.
Toutefois, ce n'est pas là, nous dira-t-on, ce que nous entendons par la vie; pour nous, la vie est un résultat particulier de la force universelle qui nous est familier et qui ne se manifeste qu'en l'animal et la plante, mais pas dans le métal, la pierre ou le gaz, qui agit dans la cellule animale, mais pas dans l'atome purement physique. Par conséquent, pour être sûrs de notre base, nous devons examiner en quoi consiste précisément ce résultat particulier du jeu de la Force que nous appelons vie, et en quoi il diffère de cet autre résultat du jeu de la Force dans les choses inanimées qui, selon nous, n'est pas la vie. Tout d'abord, nous voyons qu'il y a ici, sur la terre, trois royaumes du jeu de la Force : le règne animal de l'ancienne classification — auquel nous appartenons —, le règne végétal et, enfin, le règne purement matériel que nous prétendons dénué de vie. En quoi la vie en nous diffère-t-elle de la vie de la plante, et la vie de la plante de la non-vie du métal, par exemple, du règne minéral comme on disait jadis, ou de ce nouveau règne chimique qu'a découvert la science ?
D'ordinaire, quand 'nous parlions de la vie, nous entendions par là la vie animale, celle qui se meut, respire, mange, sent, désire, et, si nous parlions de la vie des plantes, c'était presque une métaphore, et non une réalité, car nous considérions la vie végétale comme un processus purement matériel plutôt que comme un phénomène biologique. Nous avons notamment associé la vie à la respiration; le souffle est la vie, a-t-on dit
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dans toutes les langues, et la formule est vraie si nous modifions notre conception du Souffle de Vie. Mais il est évident que le mouvement ou la locomotion spontanées, la respiration, l'alimentation ne sont que des processus de la vie et non la vie elle-même; ce sont des moyens de produire ou de libérer cette énergie constamment stimulante qu'est notre vitalité et de mettre en œuvre le processus de désintégration et de renouvellement par lequel elle soutient notre existence substantielle; mais ces processus de notre vitalité peuvent être maintenus autrement que par la respiration et l'alimentation. C'est un fait avéré que même la vie humaine peut demeurer dans le corps, et y demeurer tout à fait consciemment, alors que la respiration, les battements du cœur et d'autres conditions autrefois tenues pour essentielles à la vie ont été provisoirement suspendus. En outre, l'observation de certains phénomènes a apporté de nouvelles preuves que la plante, en laquelle nous pouvons encore refuser de reconnaître aucune réaction consciente, possède au moins une vie physique identique à la nôtre, et même organisée essentiellement comme la nôtre, bien que différente en son organisation apparente. Si cela se trouve vérifié, il nous faudra balayer nos vieilles conceptions faciles et fausses et, par-delà les symptômes et les caractères extérieurs, pénétrer jusqu'à la racine du problème.
Par ses récentes découvertes¹ qui, si l'on en accepte les conclusions, devraient jeter une vive clarté sur le problème de la Vie dans la Matière, un grand physicien indien a attiré l'attention sur le fait que la réponse à un stimulus est un signe irréfutable de la présence de la vie. Ses expériences ont surtout mis en lumière le phénomène de la vie des plantes et décrit tous ses fonctionnements subtils ; mais nous ne devons pas oublier que, pour l'essentiel, il a affirmé avoir trouvé la même preuve de vitalité
¹Ces considérations, inspirées par des recherches scientifiques récentes, servent non à prouver, mais à illustrer ta nature et le processus de la Vie dans la Matière, tels qu'ils se sont développés sur terre. La science et la métaphysique (qu'elle soit fondée sur la pure spéculation intellectuelle, ou, finalement, comme en Inde, sur la vision spirituelle des choses et sur l'expérience spirituelle) ont chacune son domaine et sa méthode de recherche. La science ne peut dicter ses conclusions à la métaphysique, pas plus que la métaphysique ne peut imposer ses conclusions à la science. Cependant, si nous acceptons la croyance raisonnable selon laquelle l'Être et la Nature ont, en tous leurs états, un système de correspondances exprimant une Vérité commune sous-jacente, il est permis de supposer que les vérités de l'univers physique peuvent ' jeter quelque lumière sur la nature comme sur le processus de la Force qui est à l'œuvre dans l'univers — pas une lumière complète, car le champ d'étude de la science physique est fatalement incomplet, et celle-ci ne dispose d'aucune clef qui lui permettrait de comprendre les mouvements occultes de la Force.
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— réponse à un stimulus, état positif de la vie et son état négatif que nous appelons mort —, dans les métaux que dans les plantes. Certes, ces preuves ne sont pas aussi abondantes, et ne révèlent pas une organisation de la vie fondamentalement identique; mais si l'on pouvait inventer des instruments appropriés et suffisamment sensibles, on découvrirait sans doute davantage de similarités entre la vie du métal et celle de la plante ; et à défaut de preuves, cela indiquerait au moins la présence d'une vitalité rudimentaire dans le métal, même si la vie n'y est pas organisée de la même façon. Or si la vie, même à l'état le plus rudimentaire, existe dans le métal, on doit admettre sa présence, involuée peut-être ou élémentaire et élémentale, dans la terre ou dans d'autres formes d'existence matérielle proches du métal. Si nous poursuivons nos recherches sans être obligés de nous arrêter en chemin quand nos moyens immédiats d'investigation s'avèrent impuissants, nous pouvons être sûrs, comme nous le prouve invariablement notre expérience de la Nature, que les recherches ainsi menées finiront par nous prouver qu'il n'y a pas de rupture, pas de ligne de démarcation rigide entre la terre et le métal qui s'y est formé, ni entre le métal et la plante et, poussant plus loin la synthèse, qu'il n'y en a pas non plus entre les éléments et les atomes qui constituent la terre ou le métal, et le métal ou la terre qu'ils constituent. Chaque étape de cette existence progressive prépare le suivant, il porte en lui-même ce qui apparaîtra à la prochaine étape. La vie est partout, secrète ou manifeste, organisée ou élémentaire, involuée ou évoluée, mais universelle, imprégnant tout, impérissable ; seules diffèrent ses formes et son organisation.
Nous devons nous rappeler que la réponse physique au stimulus n'est qu'un signe extérieur de vie, comme le sont en nous la respiration et la locomotion. L'expérimentateur transmet un stimulus exceptionnel et de vives réactions se produisent que nous pouvons aussitôt reconnaître comme des indices de vitalité dans l'objet de l'expérience. Mais durant toute son existence, la plante répond constamment à une masse constante de stimuli provenant de son milieu ; autrement dit, il y a en elle une force constamment maintenue qui est capable de répondre à l'application de la force issue de son milieu. On dit que ces expériences ont détruit l'idée selon laquelle une force vitale existerait dans la plante ou dans tout autre organisme vivant. Mais quand nous disons qu'un stimulus a été appliqué à la plante, nous voulons dire qu'une force chargée d'énergie, une force en mouvement, dynamique, a été dirigée
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sur cet objet; et quand nous disons qu'une réaction s'est produite, nous voulons dire qu'une force chargée d'énergie, capable d'un mouvement dynamique et d'une vibration sensitive, a répondu à l'impact. Il y a eu réception et réponse vibratoire, ainsi qu'une volonté de croître et d'être indiquant une organisation submentale, vitale-physique de la conscience-force cachée dans la forme de l'être. De même qu'il y a une énergie dynamique constante en mouvement dans l'univers, qui assume diverses formes matérielles plus ou moins subtiles ou grossières, de même il semblerait qu'en chaque corps ou objet physique, plante, animal, ou métal, une force dynamique constante et identique se trouve emmagasinée et active; un certain échange entre ces deux formes d'énergie produit les phénomènes que nous associons à l'idée de vie. C'est cette action que nous reconnaissons comme l'action de l'Énergie-de-Vie, et ce qui se charge ainsi d'énergie est la Force-de-Vie. L'Énergie-du-Mental, l'Énergie-de-Vie, l'Énergie matérielle sont différents dynamismes d'une seule Force cosmique.
Même quand une forme nous paraît morte, cette force existe encore en elle en puissance, bien que ses opérations familières de vitalité soient suspendues et sur le point de prendre fin définitivement. Dans certaines limites, ce qui est mort peut être ramené à la vie ; les opérations habituelles, la réaction, la circulation de l'énergie active, peuvent être rétablies ; et cela prouve que ce que nous appelons vie était encore présent dans le corps, à l'état latent, autrement dit non actif selon ses normes habituelles : ses fonctionnements physiques ordinaires, ses actions et réactions nerveuses, et chez l'animal, ses réactions mentales conscientes. On a peine à supposer l'existence d'une entité distincte appelée vie qui sortirait entièrement du corps pour y rentrer à nouveau quand elle sent — on se demande comment, puisque rien ne la rattache plus au corps — que quelqu'un stimule la forme. Dans certains cas, comme la catalepsie, nous notons l'absence de signes extérieurs de vie, l'interruption de tout fonctionnement physique, mais la mentalité est là, maîtresse d'elle-même et consciente bien qu'elle ne puisse provoquer les réactions physiques habituelles. Cela ne signifie certainement pas que l'homme soit physiquement mort mais mentalement vivant, ou que la vie soit sortie du corps alors que le mental l'habite encore, mais simplement que le fonctionnement physique ordinaire est suspendu, tandis que le mental demeure actif.
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De même,dans certaines formes dé transe, les fonctionnements physiques et ceux du mental extérieur sont suspendus, mais ils reprennent ensuite leurs opérations, dans certains cas par une stimulation externe, mais plus généralement du dedans, par un retour spontané à l'activité. Ce qui se produit en réalité, c'est que la force mentale superficielle se retire dans le mental subconscient, et la force vitale superficielle dans la vie sub-active, et que l'homme tout entier plonge dans l'existence subconsciente, ou retire sa vie extérieure dans le subconscient tandis que son être intérieur s'élève dans le supraconscient. Mais dans le cas présent, le point principal, à nos yeux, c'est que la Force, quelle qu'elle Soit, qui maintient l'énergie dynamique de la vie dans le corps, a certes suspendu ses opérations extérieures, mais anime encore la substance organisée. Il arrive toutefois un moment où il n'est plus possible de rétablir les activités interrompues, soit que le corps ait subi une lésion qui le rend inutilisable ou incapable de remplir ses fonctions habituelles, ou, s'il n'a souffert aucun dommage irréparable, lorsque le processus de désintégration a commencé, autrement dit lorsque la Force qui devrait ranimer l'activité vitale, devenue complètement inerte, ne répond plus à la pression des forces environnantes, ni à la masse de leurs stimulations avec lesquelles elle entretenait des échanges constants. Même alors, la Vie demeure présente dans le corps, mais une Vie qui ne s'occupe que du processus de désintégration de la substance formée, de façon à pouvoir se libérer du corps et, réintégrant ses propres éléments, constituer avec eux" de nouvelles formes. La Volonté, dans la Force universelle, qui maintenait la cohésion de la forme, se retire de l'organisme et soutient maintenant un processus de dispersion. Avant cela, le corps n'est pas réellement mort.
La Vie est donc le jeu dynamique d'une Force universelle, une Force en laquelle la conscience mentale et la vitalité nerveuse sont, sous une certaine forme ou du moins en leur principe, toujours inhérentes et, dès lors, apparaissent et s'organisent en notre monde dans les formes de la Matière. Le jeu vital de cette Force se manifeste comme un échange mutuel de stimulations, et de réactions à ces stimulations, entre les différentes formes qu'elle a construites et où elle maintient sa constante pulsation dynamique; chaque forme inspire et exhale constamment le souffle et l'énergie de la Force commune; chaque forme y puise et s'en nourrit de diverses manières, indirectement en tirant d'autres formes l'énergie qui y est accumulée, ou directement en
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absorbant les décharges dynamiques qu'elle reçoit de l'extérieur. Tout cela est le jeu de la Vie ; mais nous le reconnaissons surtout quand il est suffisamment organisé pour que nous puissions percevoir ses mouvements plus extérieurs et complexes et, en particulier, quand il possède le même type nerveux d'énergie vitale que notre organisation propre. C'est pour cette raison que nous admettons volontiers la présence de la vie dans la plante, des phénomènes de vie y étant évidents — et nous l'admettons plus facilement encore si l'on peut démontrer qu'elle manifeste des symptômes de nervosité et qu'elle possède un système vital peu différent du nôtre —, mais ne sommes pas prêts à reconnaître sa présence dans le métal et la terre et dans l'atome chimique où ces développements phénoménaux sont difficiles, à détectai; ou apparemment inexistants.
Mais est-il légitime d'accorder tant d'importance à cette distinction au point d'en faire une différence essentielle ? Quelle différence y a-t-il, par exemple, entre la vie en nous et la vie dans la plante ? Nous voyons qu'elles diffèrent dans la mesure où nous possédons, d'abord le pouvoir de locomotion, lequel n'a évidemment rien à voir avec l'essence de la vitalité et, ensuite, une sensation consciente qui, à notre connaissance, n'est pas encore développée dans la plante. Nos réactions nerveuses s'accompagnent en grande partie — mais certainement pas dans tous les cas, ni entièrement — de la réponse mentale de la sensation consciente; elles ont une valeur pour le mental tout autant que pour le système nerveux et le corps agité par l'activité nerveuse. Dans la plante, il semble qu'il y ait des symptômes de sensation nerveuse, y compris ceux qui, en nous, se traduiraient par le plaisir et la douleur, la veille et le sommeil, l'exaltation, l'abattement et la fatigue, et que l'organisme s'agite intérieurement sous l'effet de l'action nerveuse; il n'y a cependant aucun signe de la présence concrète d'une sensation mentalement consciente. Mais la sensation est la sensation, qu'elle relève de la conscience mentale ou de la sensibilité vitale, et la sensation est une forme de conscience. Quand la plante sensitive se rétracte au toucher, il apparaît que cette plante est nerveusement affectée, que quelque chose en elle n'aime pas le contact et tente de s'y soustraire ; il y a, autrement dit, une sensation subconsciente dans la plante, tout comme il y a, nous l'avons vu, des opérations subconscientes analogues en nous-mêmes. Dans l'organisme humain, il est tout à fait possible d'amener à la surface. ces perceptions! et sensations subconscientes longtemps après
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qu'elles se sont produites et ont cessé d'affecter le système nerveux ; et des preuves, toujours plus nombreuses et irréfutables, ont démontré l'existence en nous d'une mentalité subconsciente beaucoup plus vaste que la mentalité consciente. Le simple fait que la plante ne dispose pas d'un mental de surface vigilant qui. une fois éveillé, puisse évaluer ses sensations subconscientes, ne change rien au fait que ces phénomènes sont essentiellement identiques ; étant identiques, ce qu'ils manifestent doit également être identique : il s'agit du mental subconscient. Et il est tout à fait possible qu'un fonctionnement vital plus rudimentaire encore du mental sensoriel subconscient existe dans le métal, bien qu'il n'y ait pas ici d'agitation correspondant à la réponse nerveuse ; mais l'absence d'agitation corporelle ne dément absolument pas la présence de la vitalité dans le métal, pas plus que l'absence de locomotion ne dément la présence de la vitalité dans la plante.
Que se passe-t-il lorsque le conscient dévient subconscient dans le corps ou que le subconscient devient conscient ? La vraie différence tient à l'absorption de l'énergie consciente dans une partie de son activité, à. sa concentration plus ou moins exclusive. Dans certaines formes de concentration, ce que nous appelons mentalité, c'est-à-dire la Prajñâna ou conscience appréhensive, interrompt presque, voire complètement, toute activité consciente; et pourtant, l'activité du corps, des nerfs et du mental sensoriel se poursuit à notre insu, mais elle demeure constante et parfaite ; elle est devenue entièrement subconsciente, et le mental n'est lumineusement actif que dans une seule activité ou un seul enchaînement d'activités. Tandis que j'écris, l'acte physique d'écrire est largement ou parfois entièrement exécuté par le mental subconscient ; le corps fait, inconsciemment disons-nous, certains mouvements nerveux; le mental n'est éveillé qu'à la pensée qui l'occupe. L'homme tout entier peut, en fait, sombrer dans le subconscient; et pourtant, des mouvements habituels impliquant l'action du mental peuvent se poursuivre, comme dans de nombreux phénomènes du sommeil; ou il peut s'élever jusqu'au supraconscient et demeurer actif grâce au mental subliminal dans le corps, comme dans certains phénomènes de samâdhi ou transe yoguique. Il est donc évident que ce qui distingue la sensation de la plante de la nôtre, c'est simplement le fait que, dans la plante, la Force consciente se manifestant dans l'univers n'a pas encore émergé complètement du sommeil de la Matière, de l'absorption qui coupe entièrement la Force à l'oeuvre de' la source de son œuvre dans
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la connaissance supraconsciente et, par conséquent, quelle accomplit subconsciemment ce qu'elle fera consciemment quand, en l'homme, elle émergera de son absorption et commencera de s'éveiller, bien qu'indirectement, à son moi-de-connaissance. Elle fait exactement les mêmes choses, mais d'une façon différente et en donnant au terme conscience uns valeur différente.
Il devient maintenant possible de concevoir l'existence, dans l'atome lui-même, de quelque chose qui, en nous, devient volonté et désir, d'une attraction et d'une répulsion qui, quoique phénoménalement différentes, sont essentiellement identiques à la sympathie et l'antipathie humaines, bien qu'ils soient, comme nous disons, inconscients ou subconscients. Cette volonté et ce désir essentiels sont partout évidents dans la Nature, et bien qu'on n'en tienne pas encore suffisamment compte, ils sont associés à un sens et une intelligence subconscients — ou, si l'on veut, inconscients ou tout à fait involués —, qui imprègnent également toutes choses, et dont ils sont en vérité l'expression. Présent en chaque atome de la Matière, tout cela est nécessairement présent aussi en tout ce qui est formé par l'agrégation de ces atomes; et cette volonté et ce désir sont présents dans l'atome parce qu'ils sont présents dans la Force qui construit et constitue l'atome. Fondamentalement, cette Force est le Chit-Tapas ou Chit-Shakti du Védânta, la conscience-force, la force consciente inhérente à l'être-conscient, qui se manifeste comme énergie nerveuse pleine de sensations submentales dans la plante, comme sens-de-désir et volonté-de-désir dans les formes animales primitives, comme sens et force conscients de soi dans l'animal qui évolue, comme volonté et connaissance mentales qui, en l'homme, couronnent tout le reste. La Vie est une gradation de l'Énergie universelle où s'opère le passage de l'inconscience à la conscience; elle en est un pouvoir intermédiaire, latent ou submergé dans la Matière; délivrée par sa propre force, elle accède à l'être submental et finalement, délivrée par l'émergence du Mental, elle réalise toutes les possibilités de sa dynamis.
Toute autre considération mise à part, cette conclusion s'impose comme une nécessité logique, si nous observons ne serait-ce que le processus le plus extérieur de cette émergence à la lumière du thème de l'évolution. Il est évident que la Vie dans la plante, si elle est organisée autrement que dans l'animal, est cependant le même pouvoir, marqué par la naissance, la croissance et la mort : propagation par la semence, mort
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par déclin, maladie violence, conservation par absorption d'éléments nutritifs extérieurs, dépendance vis-à-vis de la lumière et de la chaleur, fécondité et stérilité, et même des états de sommeil et de veille, énergie et dépression du dynamisme-de-vie, passage de l'enfance à la maturité et à la vieillesse ; la plante contient en outre les essences de la force de vie, elle est donc l'aliment naturel de la vie animale. Si l'on admet qu'elle possède un système nerveux et réagit aux stimuli, qu'il y a en elle un début ou un courant sous-jacent de sensations submentales ou purement vitales, la similarité se précise encore ; mais elle demeure évidemment un stade de l'évolution de la vie, intermédiaire entre l'existence animale et la Matière " inanimée ". Cela n'a rien de surprenant si la Vie est une force qui évolue à partir de la Matière et atteint son point culminant dans le Mental ; et dans ce cas, nous sommes amenés à supposer qu'elle est déjà présente dans la Matière elle-même, submergée ou latente dans la subconscience ou l'inconscience matérielle. Car de quelle autre source pourrait-elle émerger ? L'évolution de la Vie dans la Matière implique une involution préalable, à moins de supposer qu'elle soit une création nouvelle magiquement et inexplicablement introduite dans la Nature. Elle serait alors, ou bien une création ex nihilo, ou bien le résultat d'opérations matérielles qui ne s'expliqueraient ni par ces opérations elles-mêmes, ni par aucun élément en elles doté d'un caractère analogue ; ou encore, on peut la concevoir comme une descente à partir d'un plan supraphysique au-dessus de l'univers matériel. On peut rejeter les deux premières suppositions comme des conceptions arbitraires ; la dernière explication est possible, et il est tout à fait concevable et, selon la vision occulte des choses, il est vrai qu'une pression provenant d'un plan de la Vie au-dessus de l'univers matériel a aidé à l'émergence de la Vie sur terre. Mais cela n'exclut pas le fait que l'apparition de la Vie dans là Matière elle-même soit un mouvement nécessaire et primordial; car l'existence d'un monde ou d'un plan de la Vie au-dessus du monde ou du plan matériel n'entraîne pas nécessairement l'émergence de la Vie dans la matière, à moins que ce plan de la Vie n'existe comme une étape formatrice lors d'une descente de l'Être dans l'Inconscience à travers plusieurs degrés ou pouvoirs de lui-même, avec pour résultat son involution et celle de tous ces pouvoirs dans la Matière en vue d'une évolution et d'une émergence ultérieures. Il n'est pas d'une importance capitale de savoir s'il :est possible de découvrir les signes, encore inorganisés ou rudimentaires, de cette vie submergée dans les choses matérielles, ou s'ils sont inexistants du fait que la Vie involuée est en
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plein sommeil. L'Énergie matérielle qui assemble, forme et désagrège¹ est, à un autre degré, le même Pouvoir que cette Énergie-de-Vie qui s'exprime dans la naissance, la croissance et la mort, de même qu'en accomplissant les œuvres de l'Intelligence dans une subconscience Somnambule elle se révèle être le même Pouvoir qui, à un autre degré encore, atteint l'état du Mental; son caractère même indique qu'elle renferme, bien que leur organisation ou leur processus caractéristiques ne soient pas encore développés, les pouvoirs pas encore libérés du Mental et de la Vie.
La Vie se révèle être alors essentiellement et partout identique, depuis l'atome jusqu'à l'homme, l'atome contenant le matériau et le mouvement subconscients de l'être qui, libérés, deviennent la conscience dans l'animal, la vie végétale servant d'étape intermédiaire dans l'évolution. La Vie est en réalité une opération universelle de la Force-Consciente agissant subconsciemment sur la Matière, et en elle ; c'est l'opération qui crée, maintient, détruit et recrée les formes ou les corps et qui, par le jeu de la force nerveuse, autrement dit par les courants interactifs d'énergie stimulatrice, essaie d'éveiller la sensation consciente dans ces corps. Il y a trois stades dans cette opération : le plus bas est celui où la vibration est encore plongée dans le sommeil de la Matière, entièrement subconsciente, au point de paraître tout à fait mécanique; le stade intermédiaire est celui où elle devient capable d'une réponse, encore submentale, mais juste à la frontière de la conscience telle que nous la concevons ; le plus haut est celui où . là vie élabore une mentalité consciente sous la forme d'une sensation mentalement perceptible qui, dans cette transition, devient la base du développement du mental sensoriel et de l'intelligence. C'est au stade intermédiaire que nous concevons la Vie comme distincte de la Matière et du Mental, mais en fait elle est identique à tous les stades, étant toujours un moyen terme entre le Mental et la Matière, constituant l'une, animée par l'autre. C'est une opération de la Force-Consciente
¹La naissance, la croissance et la mort sont, sous leur aspect extérieur, le même processus d'agrégation, de formation et de désagrégation, mais ils sont plus que cela en leur processus et leur signification intérieurs. Si la vision occulte de ces choses est correcte, l'" animation " du corps par l'être psychique suit un processus extérieur analogue, car, pour la naissance, l'âme, en tant que noyau, attire à elle et agrège les éléments de ses enveloppes mentale, vitale et physique, ainsi que leur contenu, développe ces formations dans la vie et, lors de son départ, abandonne et désagrège à nouveau ces agrégats, recueillant en elle ses pouvoirs intérieurs jusqu'à sa prochaine naissance où elle répète le processus originel.
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qui n'est ni une simple formation de substance, ni une opération du mental, avec la substance et la forme comme objet d'appréhension, mais plutôt une dynamisation de l'être conscient, qui est la cause et le soutien de la formation de la substance, ainsi que la source et le support intermédiaires de l'appréhension mentale consciente. La Vie, en tant que dynamisation intermédiaire de l'être conscient, libère dans l'action et la réaction sensibles une forme de la force créatrice de l'existence qui, absorbée dans sa propre substance, œuvrait subconsciemment ou inconsciemment; elle soutient et libère dans l'action la conscience appréhensive de l'existence appelée Mental, et lui fournit une instrumentation dynamique, afin qu'elle puisse agir non seulement sur ses propres formes, mais sur les formes de la Vie et de la Matière ; elle relie également et soutient, comme moyen terme, les échanges mutuels entre le Mental et la Matière. Ce moyen d'échange, la Vie le procure dans les courants continuels de son énergie nerveuse, dans ses pulsations portant la force de la forme comme sensation pour modifier le Mental et rapportant la force du Mental comme volonté pour modifier la Matière. C'est donc à cette énergie nerveuse que nous pensons quand nous parlons de la Vie ; c'est le prâna ou force-de-Vie de la philosophie indienne. Mais l'énergie nerveuse n'est que la forme qu'elle assume dans l'être animal ; la même énergie prânique est présente dans toutes les formes jusqu'à l'atome, puisqu'elle est partout la même en son essence, partout la même opération de la Force-Consciente — la Force qui soutient et modifie l'existence substantielle de ses propres formes, la Force avec les sens et le mental secrètement actifs, mais d'abord involués dans la forme et se préparant à émerger, puis émergeant finalement de leur involution. Telle est toute la signification de la Vie omniprésente qui s'est manifestée et habite l'univers matériel.
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